Champion du monde en 2003, le rugbyman Steve Thompson va léguer son cerveau à la recherche médicale sur les commotions
Les neurologues lui ont diagnostiqué une démence précoce l’année dernière alors qu’il avait 42 ans. Engagé sur la question des commotions à répétition au rugby, il a donc annoncé qu’il fera don de son cerveau à la science après sa mort pour faire avancer la recherche.
Son objectif est d’aider la recherche médicale à mesurer l’impact des commotions cérébrales répétées dans son sport et c’est une première. Steve Thompson, ancien talonneur de l’équipe d’Angleterre, qui a remporté la Coupe du monde avec le XV de la Rose en 2003 et cumulé 73 sélections, léguera donc après sa mort son cerveau multi-commotionné à la Concussion Legacy Foundation, pour que des chercheurs puissent l’étudier. Le mal dont il souffre, une encéphalopathie traumatique chronique, se constate généralement après la mort. Pourtant, les malades savent bien avant que quelque chose ne va pas, que quelque chose est détraqué. C’est ce que s’échine à dire Steve Thompson depuis que des neurologues lui ont diagnostiqué une démence précoce, l’année dernière, en 2020, à 42 ans. "Et je sais, dit-il, que c’est le rugby qui m’a fait ça".
I’m very proud to announce that I have pledged my brain to @ConcussionLF so i can help the medical professionals prevent brain injuries in the future. @ChrisNowinski1 @adamjohnwhite @JeffAstleFdn @DawnAstle9 #BrainTrauna #BrainInjury #Concussion #Action #Accountability #proud pic.twitter.com/sEMBel7bw0
— Stephen Thompson MBE (@Tommo33s) September 23, 2021
Il parle des vertiges, des changements violents d’humeur, et surtout des pertes de mémoires intempestives : l’oubli d’un itinéraire, d’un film, du chapitre d’un livre lu la veille, du prénom de sa femme Stephanie, l’oubli aussi de sa participation à la Coupe du monde, l’oubli de la victoire. L'année dernière, il avait raconté au Guardian qu’en voyant à la télé des images des célébrations de l’époque, il n’a pas compris. "Je pensais voir jouer le XV de la Rose d’aujourd’hui, dit-il, sauf que j’étais à l’image, et que je ne me souvenais de rien. Je ne me souviens d’aucun des scores des matchs que j’ai remportés cette année-là." Sur la chaîne Sky News cette semaine, il a résumé : "Ma tête est comme une caméra qui n’aurait pas de carte mémoire, je vois ce qui se passe mais je n’enregistre rien, pas de souvenirs, je ne me rappelle pas."
Moi je ne veux pas tuer le jeu, je veux le rendre plus sûr, précisément pour que l’on puisse continuer à le pratiquer.
Steve Thompson, champion du monde de rugbyà la BBC
Steve Thompson décrit aussi les crises d’angoisse, l’anxiété, la tristesse, des montagnes russes émotionnelles qui ne font qu’empirer avec l’âge. Et son cas est loin d’être unique. Ces dernières années, les témoignages de joueurs se multiplient et les études disent toutes la même chose : les commotions cérébrales à répétition causent des dégâts chez les joueurs à court et à long terme. Pourtant, on plaque toujours violemment, trop haut, y compris ici en France, où chaque week-end offre son lot de joueurs sonnés par un mauvais coup. Un déni dont veut sortir Steve Thompson : "Moi je ne veux pas tuer le jeu, répond-il à la BBC, je veux juste le rendre plus sûr, précisément pour que l’on puisse continuer à le pratiquer."
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