Présidentielle 2022 : pourquoi Yannick Jadot ne réussit-il pas à percer ?
A 17 jours de la présidentielle, Yannick Jadot semble plutôt à la peine dans les sondages. Et c'est tout un paradoxe. L'édito politique de Renaud Dély.
On savait que l’habit ne fait pas le moine. On sait désormais que la cravate ne fait pas le Président. Yannick Jadot a commencé à en porter à la télé au fil de la campagne. Pour faire Président, donc. Il a soigné son look, le ton de ses interventions. Il s’est appliqué à parler de sujets régaliens, de sécurité, de défense.
Depuis un mois, il s’est presque transformé en chef de guerre.
Yannick Jadot est le candidat le plus anti-Poutine, et ça de longue date. Il est aussi le plus favorable aux livraisons d’armes aux Ukrainiens. Et pourtant rien n’y fait. Le candidat écologiste plafonne un peu au-dessus du seuil de 5 % d’intentions de vote dans les sondages ; il est à 7 % dans notre dernière livraison de l’institut Ipsos. En sixième position, loin, très loin du second tour.
Au départ, le candidat des Verts avait pourtant de nombreux atouts. Au moment de sa désignation, il y a six mois, c’est d’ailleurs lui qui était en tête à gauche, un peu au-dessus de 10 % des intentions de vote. Rappelons qu’aux élections européennes de 2019, Yannick Jadot s’était envolé jusqu’à 13 % des voix.
L'écologie oui, mais pas un écologiste à l'Elysée ?
Seulement voilà, il y a eu cette impossible mue présidentielle. Et puis il a été victime des sempiternelles divisions internes aux écologistes. C’est au sein des Verts que sont faites entendre les premières critiques sur sa supposée fadeur, son manque de charisme. Sandrine Rousseau, qu’il avait devancé de peu lors de la primaire des Verts, n’a cessé de critiquer une campagne ennuyeuse. Jusqu’à être écartée de son poste de porte-parole au début du mois. Résultat, c’est désormais Jean-Luc Mélenchon qui détient le leadership à gauche
Le chef de file des Insoumis qui se revendique lui aussi de l’écologie, et c’est l’autre paradoxe. Dans l’opinion, la prise de conscience de l’urgence environnementale est réelle. Et pourtant, non seulement le sujet ne pèse guère dans la campagne, mais le candidat des Verts en a perdu le monopole. Après des européennes triomphales et des municipales victorieuses, avec la conquête de plusieurs métropoles (Lyon, Strasbourg, Bordeaux et d’autres), la présidentielle s’avère une fois encore être l’élection la plus délicate pour les écologistes qui se méfient de l’incarnation élyséenne et récusent le mythe de l’homme providentiel.
Il y a une dizaine d’années, pour écarter l’idée de sa propre candidature, Daniel Cohn-Bendit confiait que les électeurs n’imaginaient pas un président écologiste passer en revue les troupes sur les Champs-Elysées. Pas sûr que l’on croise Yannick Jadot sur les Champs-Elysées le 14 juillet, même cravaté.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.