L'affaire Bayou chez EELV a-t-elle montré les limites des cellules d'écoute sur les violences sexistes et sexuelles des partis politiques ?
Accusé d’avoir exercé des violences psychologiques sur son ex-compagne, le député écologiste Julien Bayou nie formellement ces faits. Après avoir quitté ses fonctions à la tête du parti, il a contre-attaqué lundi par l’intermédiaire de son avocate…
C'est une contre-attaque spectaculaire qui a viré au grand déballage. Et qui illustre l’époque assez terrifiante dans laquelle menace de se vautrer le débat public.Une contre-attaque politique d’abord. Lors d’une conférence de presse, l'avocate de Julien Bayou, Marie Dosé, a clairement accusé Sandrine Rousseau de manipulation. Elle aurait instrumentalisé l’ex-compagne de Julien Bayou pour éliminer un rival à l’approche du congrès des Verts. Preuve de sa duplicité, Sandrine Rousseau aurait même admis qu’il n’y avait "rien de pénalement répréhensible" auprès de Julien Bayou lui-même puis, la semaine dernière en marge de l’émission C à vous. Sur le plateau, elle venait pourtant de l’accuser d’avoir voulu "briser la santé morale d’une femme", au point de la pousser à tenter de se suicider.
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Ce n’est pas la première fois que des écologistes se déchirent en place publique. Mais cet épisode illustre quand même l’ampleur des haines internes aux Verts. On voit mal comment des gens qui se veulent, et qui se font, tant de mal peuvent cohabiter au sein d’un même parti. Et surtout cette affaire ouvre une nouvelle période : une ère où des responsables de parti prétendent rendre la justice sous la pression des médias. Parce que Julien Bayou a dû démissionner. Or, à en croire son avocate, la cellule interne aux Verts qui s’est saisie de l’histoire fin juin a refusé à quatre reprises de l’auditionner, elle n’a même pas entendu son ex-compagne. Pas de témoignage, pas de fait, et pas non de plus de plainte. Juste une rumeur balancée en public, à la télé…
Cela souligne donc les limites des cellules internes aux partis, et même parfois leur danger. Elles sont utiles d’abord pour secourir et entendre les femmes victimes. Mais ces instances doivent aussi les accompagner vers un parcours judiciaire, certes toujours complexe, les inciter à déposer plainte, à se tourner vers la justice. Au printemps déjà, les Insoumis avaient écarté un de leurs candidats, Taha Bouhafs, qu’ils accusaient de violences sexuelles. Et depuis cinq mois, rien. Donc, soit un innocent a été injustement sali et évincé pour des raisons politiques ; soit un coupable jouit toujours de son impunité faute de procédure judiciaire. Dans les deux cas, on comprend que ce n’est pas à une poignée de dirigeants politiques d’imposer leur propre justice. Sauf à basculer dans une société totalitaire.
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