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Démission de Julien Bayou : "On ne peut pas attendre les décisions de justice pour prendre des décisions", estime la sénatrice Laurence Rossignol

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Article rédigé par franceinfo
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Julien Bayou a démissionné, lundi 26 septembre, de son poste de secrétaire général d'EELV. L'avocate du député écologiste a dénoncé "des pressions, du chantage ainsi que des menaces".

"On ne peut pas attendre les décisions de justice pour prendre des décisions", estime ce mardi 27 septembre sur franceinfo Laurence Rossignol, vice-présidente du Sénat, ancienne ministre du Droit des femmes et présidente de l'Assemblée des femmes, après la démission de Julien Bayou de son poste de secrétaire national d'Europe Écologie-Les Verts (EELV). Il est accusé de violences psychologiques par de son ex-compagne.

>> L'avocate de Julien Bayou dénonce "l'instrumenatlisation du juste combat contre les violences sexuelles et sexistes à des fins politiques"

"Nous, le monde politique, nous devons avoir notre propre déontologie" comme l’ont par exemple, les médecins avec le conseil de l'Ordre, ajoute l'ancienne ministre. La sénatrice socialiste appelle notamment les partis de gauche à "se mettre autour de la table pour établir leur code de déontologie".

franceinfo : Les affaires Bayou et Quatennens sont extrêmement différentes, mais leur point commun, c'est que les deux hommes se sont mis en retrait de leur parti sans qu'aucune condamnation n'ait été prononcée par la justice. Est-ce que vous dites bravo ou bien que ça va trop loin ?

Laurence Rossignol, vice-présidente du Sénat, présidente de l'Assemblée des femmes : Ces affaires révèlent une chose, c'est que nous ne pouvons pas être calés sur les décisions de justice parce qu'il y a de nombreuses affaires dans lesquelles les faits sont avérés, inacceptables, et pour autant la justice, pour différentes raisons, n'a pas pu sanctionner les auteurs. Nous, le monde politique, nous devons avoir notre propre déontologie, qui est différente du Code pénal et des décisions de justice. C'est le cas pour beaucoup d'activités.

Cependant, la déontologie et le travail de la justice ne sont-elles pas deux choses différentes ?

Ce sont deux choses différentes, mais on ne peut pas attendre et être tenu par les décisions de justice pour prendre nos propres décisions. J'en tiens pour preuve, par exemple, l'affaire Nicolas Hulot. Personne ne doute aujourd'hui des faits qui lui sont reprochés. Autre exemple : l'affaire Patrick Poivre d'Arvor. Tout le monde sait que ce que les victimes ont dénoncé est vrai et pour autant, il y a une première décision de classement sans suite pour cause de prescription. Nous devons donc avoir notre propre déontologie. Les violences sexistes et sexuelles ne sont pas admissibles. Il y a une révolution qui est en cours qui est une révolution féministe. Les femmes ne veulent plus subir les abus de pouvoir, les agressions sexuelles. Personne ne peut contester qu'elles ont lieu dans les lieux où il y a beaucoup de pouvoir et où le pouvoir est essentiellement masculin. Dans l'affaire Julien Bayou, effectivement il y a des dysfonctionnements. Cette affaire est pour moi un élément supplémentaire pour plaider pour l'écriture d'un code de déontologie commun aux formations politiques.

Qu'est ce qui dysfonctionne dans cette affaire Julien Bayou ? Que ce soit une révélation à la télévision en direct de la part de Sandrine Rousseau ?

Ces choses-là ne se règlent pas à la télévision. Ce qu'il faut, à mon sens, c'est qu'il y ait une commission qui ne soit pas simplement composée de personnalités politiques, mais aussi de personnes issues de l'associatif, aux spécialistes. Cette commission doit instruire et doit respecter des principes essentiels et incontournables. La défense tout d'abord, c'est-à-dire que la personne mise en cause doit pouvoir être entendue. Deuxièmement, le contradictoire. Par exemple, les médecins ont un conseil de l'Ordre qui prend des décisions sur la déontologie médicale et n'est pas soumis et dépendant de la justice. Nous devons mettre en place la même procédure parce qu'il est inacceptable que des hommes continuent de parader dans leurs mandats politiques, dans leurs responsabilités et de donner des leçons à toute la France sur ce qu'il faut faire ou pas faire, alors que en même temps, nous savons qu'ils ont commis des viols, des agressions sexuelles. J'en appelle donc à Fabien Roussel, Olivier Faure, au coordinateur de la France insoumise, à l'ensemble des partis qui ont inscrit le féminisme dans leur charte propre pour qu'ils se mettent autour de la table et qu'ils élaborent un code de déontologie

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