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Gouvernement d'Elisabeth Borne : pourquoi la coalition "à la française" n’a pas marché

L'heure du remaniement a sonné. Seule certitude : Elisabeth Borne n’est pas parvenue à instaurer un véritable contrat de gouvernement avec l’opposition, il n'y aura pas de coalition à la française. Ce sera donc la recherche d’une majorité au coup par coup.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Jérôme Bertolus
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La Première ministre Elisabeth Borne, à Matignon (Paris), le 19 juin 2022.  (LUDOVIC MARIN / POOL / AFP)

Un échec : Elisabeth Borne n’est pas parvenue à mettre sur pied une véritable coalition gouvernementale, comme cela existe dans une majorité de pays européens. C’est donc le retour à la case départ. Comme au soir du deuxième tour des législatives. Les consultations d’Emmanuel Macron et d’Elisabeth Borne n’auront servies à rien : les groupes d’opposition expliquent que leurs propositions n’ont jamais été prises en compte. Et ils soulignent que discuter d’une coalition en quelques jours est un non-sens.  

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Au plus haut niveau de l’exécutif, on rétorque que si un groupe parlementaire avait accepté le principe d’une coalition, alors, oui, on aurait pu faire comme en Allemagne et discuter pendant des mois. Bref, ce qu’il faut retenir à l’issue de ce dialogue de sourds, c’est que la Première ministre n’aura pas d’autres choix que de trouver une majorité au cas par cas, sur chaque projet de loi. 

Bonnes pratiques

Cette stratégie peut fonctionner, sans doute. Du moins pendant quelques temps. D'ailleurs, Elisabeth Borne est résolue à gouverner autrement et ne plus considérer que le Parlement relève de l’intendance.  Les députés et les sénateurs ne devront plus découvrir les projets de loi à la sortie du Conseil des ministres.Ils devront être en mesure d’en discuter en amont avec le gouvernement. Il leur faudra pouvoir évaluer et chiffrer les textes qui arrivent à l’Assemblée. Pouvoir ensuite débattre sans procédure d’urgence à répétition. 

Pour éviter l’embouteillage parlementaire, il y aura aussi moins de projets de loi et des projets de loi plus ramassés, loin des textes obèses, des projets de loi fourre-tout d’une centaines d’article. Ce sont ces bonnes pratiques qu’Elisabeth Borne a en tête : elle veut tenter d’instaurer – progressivement - la confiance avec les parlementaires, textes après texte, compromis après compromis.

Le spectre de la dissolution

Reste que si l'objectif est d'éviter le fameux blocage institutionnel, il y a la théorie et la réalité politique.  Mais tous les leaders politiques ont conscience que l’on rentre dans une séquence politique complètement inédite. Alors que l’économie française vacille, qu’il y a une guerre en Europe, que l’alarme résonne au plan mondial sur le climat, chacun se tient par la barbichette.  

La première force politique qui aura un comportement irresponsable, en tout cas jugé comme tel par les Français, en tentant, par exemple, de faire passer une réforme en force ou à l’inverse en provoquant l’obstruction parlementaire, pourrait le payer cash. Les Français ne veulent pas que le pays soit paralysé. Et même si le quinquennat débute à peine, la possibilité d’une dissolution est déjà dans toutes les têtes. 

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