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EDITO. Réforme des retraites : pourquoi autant de députés de droite rechignent-ils à suivre les consignes de vote d'Eric Ciotti ?

La semaine dernière, le nouveau patron des Républicains, Eric Ciotti, annonçait son intention de voter pour la réforme de retraites. Il n’est certain qu’il soit suivi par toutes ses troupes ? L'édito politique de Renaud Dély.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Eric Ciotti, le 21 juin 2022, à Paris. (THOMAS COEX / AFP)

Seulement, pourrait-on dire. À l’heure actuelle, une douzaine de députés LR, sur 62 au total, pourraient voter contre le texte de la réforme des retraites. Des divisions internes à la droite qui donnent des sueurs froides à Élisabeth Borne. Le gouvernement ne dispose que d’une majorité relative. Il a donc besoin du ralliement d’une quarantaine de voix. Pour l’instant, ça passe encore, mais c’est juste. Sans l’appoint de ces 40 députés LR, l’exécutif devrait recourir à l’article 49.3 pour faire adopter sa réforme sans vote, avec le risque d’alourdir encore un peu plus encore le climat politique et social. 

>> Réforme des retraites : Philippe Martinez dénonce une “réforme de droite”

Et si autant de députés de droite rechignent, c'est parce qu'officiellement, ils considèrent la réforme trop dure, trop brutale. Rappelons que leur candidate à la présidentielle, Valérie Pécresse, préconisait le report de l’âge légal à 65 ans, Emmanuel Macron s’en tient à 64 ans. Il a satisfait certaines revendications de LR, comme l’extension de la retraite minimale à 1200 euros pour une carrière complète aux retraités actuels.

La France périphérique délaissée

Mais ces députés récalcitrants, emmenés par l’élu du Lot, Aurélien Pradié, ex-candidat à la présidence de LR, réclament d’autres concessions, en particulier pour les carrières longues. Par exemple, la possibilité de partir en retraite à 63 ans pour quelqu’un qui aurait commencé à travailler à 20 ans et disposerait donc de 43 annuités de cotisation. Et puis ces députés ont aussi une crainte plus politique : la concurrence de l’extrême droite.

La plupart des députés LR, survivants de la raclée des législatives, n’ont pas été élus dans des grandes villes, des métropoles aisées. Il n’y a par exemple aucun député LR à Paris. Tous ou presque ont élus dans des zones rurales, dans la France périphérique délaissée. Ils s’y heurtent à une forte concurrence du RN. Ils sont donc prêts à s’affranchir d’une consigne nationale pour préserver leurs intérêts électoraux. Comme le dit un ministre, les députés de droite sont "des auto-entrepreneurs qui se sont se mis à leur compte". Difficile donc pour le gouvernement de considérer LR comme un partenaire fiable à tous les coups.

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