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Édito
Réforme des retraites : Emmanuel Macron est-il à bout de souffle ?
Treize minutes pour solde de tout compte. Treize minutes pour tourner la page de trois mois de crise sur les retraites, une réforme qui n’a, à l’évidence pas fait "consensus" a regretté Emmanuel Macron. Et treize minutes pour ouvrir un nouveau chapitre, celui de "100 jours d’apaisement et d’action". Cela peut paraître un peu court, voire un peu "vide", selon l’expression de Laurent Berger. Sans doute l’exercice ne suffira pas à apaiser la colère d’une grande partie de l’opinion.
Mais le chef de l’Etat lui-même ne se faisait pas d’illusion. Cette prise de parole avait pour but d’expurger le passé et d’afficher quelques bonnes intentions pour l’avenir, pour essayer de renouer le contact avec les syndicats, mais rien de plus.
Humilité
L'opposition lui reproche d'ailleurs de manquer de souffle, car c'est sans doute parce qu’Emmanuel Macron est en rééducation. Un peu comme quelqu’un qui a subi un grave accident et retrouve peu à peu l’usage de la parole.
Par le passé, le chef de l’Etat a parfois péché par excès de grandiloquence. Lundi soir, on était loin des envolées lyriques du grand débat post-"gilets jaunes" ou de la promesse du "retour des jours heureux" au sortir du confinement. Cette fois, il se contente de répéter que sa "porte restera ouverte" et d’esquisser quelques grandes lignes, "un nouveau pacte de la vie au travail", des engagements sur l’école et la santé. Mais pas d’agenda bouclé et livré clef en main aux partenaires sociaux. Surtout pas. Affaibli, Emmanuel Macron en est réduit à faire preuve d’humilité. A l’Elysée, on répète donc que tout, ou presque, est ouvert à discussion.
La référence napoléonienne
C'est donc à Elisabeth Borne de mettre en musique cette feuille de route. Elle la détaillera dès la semaine prochaine, avec la mission de "relancer des coalitions et des alliances nouvelles" pour concrétiser ce programme de travail. Car l’exécutif est tellement isolé qu’il ne pourra se sortir de l’ornière que s’il trouve des interlocuteurs, avec qui parler et négocier, parmi les syndicats comme au Parlement.
Emmanuel Macron a eu beau exhumer la référence des Cent jours - avant un premier bilan, le 14 juillet - la grande différence avec la reconquête napoléonienne, c’est qu’en 1815, le volontarisme de l’Empereur avait suffi à lui rallier le pays. Le point commun en revanche, c’est que dans les deux cas, à l’issue de ces 100 jours, c’est bien Waterloo qui menace.
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