Édito
Prix planchers, pesticides, Europe... les raisons des contorsions du Rassemblement national

La stratégie de dédiabolistion voulue par le RN ne peut pas, à elle seule, expliquer les changements de pied effectués sur plusieurs sujets.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale Marine Le Pen (à gauche) et Jordan Bardella, président du parti, lors des vœux de nouvel an de Jordan Bardella, à Paris le 15 janvier 2024. (BERTRAND GUAY / AFP)

Le défilé des responsables politiques s’est poursuivi au salon de l’Agriculture tout au long de cette dernière semaine de février. Et certains se sont livrés à des tête-à-queue spectaculaires. On a vu, par exemple, Emmanuel Macron promettre des prix-planchers indexés sur les coûts de production pour garantir un niveau de revenu minimal aux agriculteurs. Jusque-là, le gouvernement ne voulait pas en entendre parler. Mais ce qui est plus surprenant encore, ce sont les contorsions du Rassemblement national. Ce même prix plancher figurait dans le programme présidentiel de Marine Le Pen en 2022, comme en 2017 et en 2012.

Le président du RN, Jordan Bardella, a pourtant fustigé une mesure qu’il a qualifié de "trappe à pauvreté", qui condamnerait les agriculteurs français à être victimes de la concurrence étrangère. Marine Le Pen a essayé de masquer le désaccord mais dans son entourage, certains ont été consternés par la sortie de route de Jordan Bardella. Même tête-à-queue sur le recours aux pesticides, initié cette fois par Marine Le Pen. Elle dénonçait l’utilisation du glyphosate, il y a encore trois ans et le défend désormais. 


  
Ces revirements découlent de la stratégie du RN, qui cherche à surfer sur les colères populaires et à se montrer rassurant, ce que Marine Le Pen appelle la "dédiabolisation". Quitte à promettre tout...  et son contraire. C’est flagrant sur l’Europe. Le parti la fustige sur tous les tons, la qualifie de "prison", mais il ne veut surtout pas en sortir. Au fond, par démagogie, le RN est devenu le vrai parti du "en même temps". Mais ces contradictions ont aussi comme origine les tensions naissantes au sein du parti d’extrême droite.

La perspective de 2027

La cote de Jordan Bardella fait de plus en plus d’ombre à Marine Le Pen. De nombreux cadres considèrent qu’il ferait un meilleur candidat en 2027. Surtout si la fille de Jean-Marie Le Pen est condamnée à la fin de l’année pour détournement de fonds publics dans l’affaire des assistants fictifs au Parlement européen. D’ici là, comme le fait remarquer un dirigeant du RN, Jordan Bardella pourra peut-être se targuer du meilleur score au 1er tour d’une élection de toute l’histoire du parti d’extrême droite, s’il récolte au moins 25 % des voix aux européennes. Sans doute la raison pour laquelle Marine Le Pen a jugé bon de confier mercredi, lors de son passage au salon de l’Agriculture qu’elle est "en train de se préparer à une quatrième candidature présidentielle". Comme si certains en doutaient.

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