Édito
Pression sociale à l'approche des JO : à force de distribuer des primes, le gouvernement s'est-il piégé lui-même ?

La grève des cheminots, qui souhaitent faire pression sur la direction avant une réunion sur les primes liées aux Jeux olympiques, risque d'avoir un fort impact, mardi, pour les usagers des RER et trains de banlieue d'Ile-de-France exploités par la SNCF. C'est loin d'être la seule corporation à se mobiliser à l'approche de l'événement prévu cet été.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le Premier ministre Gabriel Attal lors du conseil des ministres, le 14 février 2024. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

À la SNCF, dans les aéroports de Paris, mais aussi dans les écoles, plusieurs mouvements de grèves s’annoncent très suivis, mardi 21 mai, en Ile-de France. Cette mobilisation, c’est d’abord une nouvelle manche du bras de fer qui oppose les syndicats et le gouvernement à l’approche des Jeux Olympiques. À deux mois de l’ouverture de la compétition, certaines corporations en profitent pour remettre la pression dans l’espoir d’obtenir une petite rallonge.

Les cheminots se mobilisent à la veille d’une réunion conclusive sur les primes allouées aux agents mobilisés pendant les Jeux. Résultat, le trafic des trains de banlieue et RER est "très perturbé" mardi. Même mécanique du côté des personnels des Aéroports de Paris dont les syndicats réclament une  "gratification homogène" pour tous les agents, volontaires ou non, opérationnels ou non, qui travailleront "du 8 juillet au 15 septembre". Seule la grève des services périscolaires parisiens, notamment les cantines, est sans rapport avec le contexte des JO. 

Des demandes de compensation


Le gouvernement ne parvient pas à éteindre ces revendications, peut-être justement parce qu’il a déjà fait des efforts significatifs. Il est légitime que des personnels qui vont devoir faire face à un surcroît d’activité, et parfois même repousser leurs vacances pour cause de JO, réclament et obtiennent des compensations. Depuis deux mois, l’État, et parfois les collectivités locales, se sont montrés assez réceptifs. La place Beauvau a promis des primes conséquentes aux forces de l’ordre qui vont être sur-sollicitées. Les contrôleurs aériens ont obtenu des augmentations. Sans oublier les cheminots qui ont conclu avec la direction de la SNCF un accord généreux qui détricote les effets de la réforme des retraites pour les départs anticipés.
 
On assiste à une sorte d’effet boule de neige. Chaque compensation obtenue par une catégorie incite une autre à revendiquer à son tour. Deux préavis de grève, qui couvrent toute la durée des Jeux, donnent des sueurs froides au gouvernement et à la mairie de Paris : ceux déposés à la RATP et chez les éboueurs. Ce phénomène d’entraînement peut sembler assez logique. Il illustre aussi la dégradation du dialogue social qui incite certains syndicats à faire de la grève un préalable à la négociation. Et l’affaiblissement du gouvernement qui donne l’impression de gérer au jour le jour les grilles salariales des agents publics.

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