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Édito
Pourquoi, à l'heure de l'urgence climatique, l'idée de "taxer les riches" n'est plus taboue
Pas question de recourir à l’impôt : c’est la ligne de Bruno Le Maire, et c’est sa réponse à cette proposition issue d’un rapport remis à Matignon par Jean Pisani-Ferry, pilier du programme du candidat Macron en 2017. Dans ce document, l’économiste chiffre le montant de l’investissement public requis par la transition écologique : 34 milliards d’euros par an jusqu’en 2030, à la charge d’un Etat déjà surendetté. D’où cette suggestion d’augmenter l’impôt des 10 % des contribuables les plus aisés. Pas question donc pour Bercy soutenu, pour l’heure, par l’Elysée.
Sauf que l’idée fait peu à peu son chemin, y compris dans la majorité. Au sein de l’aile gauche de Renaissance, plusieurs députés jugeraient logique de taxer davantage les plus riches pour financer les besoins nés de l’urgence climatique. Le ministre de la Transition écologique lui-même, Christophe Béchu, considère que ce n’est pas une idée taboue. Jeudi 25 mai, le patron de l’institution qui fait référence en matière de financement de l’action publique, la Cour des Comptes, Pierre Moscovici, a considéré que cette idée méritait d’être débattue.
Le climat (politique) change
Bien sûr, beaucoup mettent en garde contre la démagogie d’une telle mesure. "Taxer les riches !", c’est un slogan agité de façon un peu pavlovienne par l’opposition, souvent pour des raisons électoralistes plus que pour des questions d’efficacité. À l’inverse, les baisses d’impôt, c’est la boussole du macronisme depuis 2017, avec un succès certain pour l’activité économique et l’emploi.
Mais le climat politique change et il pourrait avoir des conséquences sur la météo fiscale. D’abord parce qu’après la réforme des retraites, certains dans la majorité veulent infléchir le curseur social. Pour ceux-là, puisqu’Emmanuel Macron a annoncé deux milliards de baisses d’impôts pour les classes moyennes, raison de plus pour solliciter davantage les plus privilégiés. Et, à l’heure où face à l’urgence climatique, une poignée de militants exhortent à la rébellion de minorités activistes, quitte à remettre en cause la légitimité des élus, la fiscalité peut aussi contribuer à apaiser les esprits. Parce que l’impôt n’est pas qu’un instrument financier, c’est aussi, et même d’abord, un outil politique.
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