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Édito
Mort de Nahel : le gouverment prend un risque politique en pointant la responsabilité des policiers

Au lendemain de la mort du jeune Nahel, tué par un policier à Nanterre mardi, l’exécutif a pointé du doigt le comportement des policiers. Pourquoi une telle fermeté ? L'édito politique de Renaud Dély.
Article rédigé par franceinfo, Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une banderole "Justice pour Naël" déployée sur la place de la République, le 28 juin 2023, à Paris. (MAURIZIO ORLANDO / HANS LUCAS / AFP)

C'est sans doute d’abord la force de l’évidence, l’évidence des premiers éléments de l’enquête et surtout de la vidéo qui montre que les deux policiers qui contrôlaient le jeune homme de 17 ans ne semblaient pas menacés. Après la mort du jeune Nahel, tué par un policier à Nanterre mardi, l’exécutif a pointé du doigt le comportement des policiers. Elisabeth Borne a directement fait allusion à ces images "choquantes" qui "donnent à penser que le cadre d’intervention légal n’a pas été respecté".

Gérald Darmanin a lui, déjà annoncé des "sanctions" contre "un policier qui ne s’est pas conformé à la législation de la police nationale". Quant à Emmanuel Macron, il a fait part de son émotion à la famille de Nahel et évoqué un "geste inexplicable et inexcusable".

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Le gouvernement cherche bien sûr d’abord à apaiser la situation. Sa grande crainte, c'est l’embrasement des banlieues sur le modèle de 2005, au lendemain de la mort de Zyad et Bouna. Le fossé s’est creusé entre la jeunesse des quartiers et les policiers. Et les incidents, parfois dramatiques, se sont succédés. Les heurts se sont multipliés en région parisienne ces deux dernières nuits. Le gouvernement cherche à ramener le calme. 

L'extrême droite dans son élément

Mais le gouverment prend aussi un risque politique en pointant du doigt la responsabilité de ces deux policiers. L’extrême droite s’est dépêchée de polémiquer : Eric Zemmour a accusé Emmanuel Macron de "condamner un policier sans la moindre forme de jugement et de donner raison aux émeutiers". Et Marine Le Pen a dénoncé des "propos excessifs et irresponsables du chef de l’Etat.

Et les deux leaders siamois de l’extrême droite ont appelé à faire corps avec les policiers. Un argumentaire doublement fallacieux. D’abord parce que l’exécutif a souhaité que la justice fasse son travail jusqu’au bout. Et puis parce que décréter qu’il faudrait être forcément solidaire de toute la police au lendemain d’une telle tragédie, c’est nuire aux forces de l’ordre. Si le policier qui a tué le jeune Nahel est coupable, ce que déterminera la justice, pourquoi faudrait-il que les politiques soutiennent toute l’institution ?

Considérer que la police serait forcément innocente, qu’elle n’abriterait aucun coupable dans ses rangs, c’est aussi faux, et nuisible, que de répéter que l’institution serait forcément fautive et que la police tue.

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