: Témoignages Mort de Nahel : dénonçant des "scènes de désolation" et un "déferlement de violence", ces maires confient leur "incompréhension" après les échauffourées
"C'est incompréhensible ce déferlement de violence", réagit jeudi 29 juin sur France Bleu Picardie Brigitte Fouré, maire UDI d’Amiens, qui a été le théâtre d'échauffourées dans la nuit de mercredi 28 à jeudi 29 juin en réaction à la mort de Nahel, tué par un policier mardi à Nanterre.
>> Mort de Nahel : plusieurs bâtiments publics pris pour cible
Des tensions ont été recensées dans plusieurs quartiers de la ville, notamment dans le quartier d'Etouvie où une médiathèque, en cours de construction, a été incendiée, ainsi que le centre de loisirs l’Odyssée, selon les informations de France Bleu Picardie. La mairie d'Amiens-Nord a également été prise pour cible. Le réseau de bus d'Amiens a décidé de suspendre jusqu'à nouvel ordre la circulation dans trois quartiers jugés sensibles. "De très nombreux bâtiments publics utiles aux habitants de notre ville ont été endommagés", indique l'élue.
"Un bus a été incendié alors que des personnes étaient dedans. Vous vous rendez compte ?"
Brigitte Fouré, maire d’Amiensà franceinfo
"Les personnes ont dû sortir en catastrophe", raconte la maire. Brigitte Fouré "invite tout le monde à garder son sang-froid parce que beaucoup d'habitants ont été perturbés dans leur vie par les bruits de mortiers, de tirs, de violences diverses, les incendies aussi un peu partout".
"Une faillite sécuritaire qui succède à une faillite globale de l'État"
À des centaines de kilomètres de là, en région parisienne, "On a assisté à une scène de désolation, avec une forme de faillite de la République", se désole de son côté sur France Bleu Paris Ali Rabeh, maire de Trappes (Yvelines). Le commissariat de la ville a notamment été pris pour cible dans la nuit de mercredi à jeudi.
L'édile décrit une "nuit extrêmement agitée" : "De très nombreux émeutiers espacés aux quatre coins de la ville ont barré les routes, incendié des poubelles et entravé la circulation", ajoute Ali Rabeh, qui précise avoir vu principalement des "jeunes de 15 à 20 ans" dans les rues de Trappes, cette nuit. "Les policiers, en effectifs insuffisants, ont vécu un cauchemar", raconte l'élu.
Le maire de Trappes affirme s'être senti "seul" face à "un excès de violence certes épisodique, mais que beaucoup ont vu venir". Il met en effet en cause une "faillite sécuritaire qui succède à une faillite globale de l'État". Ali Rabeh estime que malgré les nombreuses alertes ces dernières décennies, l'État "n'est pas à la hauteur en matière de politique de la ville".
Un couvre-feu pour apaiser
Le maire de Garges-lès-Gonesse (Val-d'Oise), Benoît Jimenez, a plaidé sur France Inter pour la mise en place "d'un couvre-feu, au moins en Île-de-France". Sa mairie a été incendiée et l'intérieur du bâtiment, au niveau du rez-de-chaussée a été détruit.
L'élu UDI assure avoir été contacté spontanément par la Première ministre Élisabeth Borne à la suite de ces incidents. Il lui a alors transmis "sa préconisation" de couvre-feu "au moins pour aujourd'hui et demain", "des solutions qui pourraient un peu apaiser tout le monde", selon Benoît Jimenez. Le maire de Garges-lès-Gonesse en appelle également "à la responsabilité de chacun pour faire en sorte d'apaiser la situation". "C'est l'urgence", soutient-il.
A Mons-en-Barœul, "une année pour tout réparer"
"La mairie et le poste de police municipale ont été complètement détruits", se désespère le maire de Mons-en-Barœul Rudy Elegeest au micro de France Bleu Nord. Aucun blessé n'est à déplorer. Aux alentours de 23h, "un grand nombre d'individus, extrêmement équipés" ont commencé à s'attaquer "aux bâtiments publics du centre-ville avec des tirs de mortiers d'artifice", décrit-il.
La mairie, la salle des fêtes et une salle polyvalente ont été visées. L'édile déplore des "dégâts absolument considérables" et dénonce les agissements d'une "horde sauvage". À l'intérieur de la mairie, se trouvaient "des policiers municipaux qui ont dû se cacher pour ne pas être victimes de ces incendies", ajoute Rudy Elegeest.
"Il nous faudra au moins une année, si ce n'est plusieurs, pour réparer tout ça", s'émeut le maire. "Ça fait 25 ans qu'on s'emploie à transformer cette ville et là, on voit qu'il va falloir recommencer les choses ; le coup est très dur", ajoute l'élu.
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