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Édito
Loi immigration : à l’approche de la rentrée parlementaire, l’aile gauche de la majorité fait parler d’elle
Coucou la revoilou ! On cherchait l'aile gauche de la majorité depuis un moment, les mauvaises langues doutaient même de son existence. Ces derniers mois, on ne l’avait pas entendu, ni sur la réforme des retraites, ni sur l’urgence environnementale. Et voilà donc une preuve de vie de l’aile gauche de la majorité macroniste.
La jambe gauche du "en même temps" se remet en marche à propos du projet de loi sur l’immigration. Une dizaine de parlementaires Renaissance, emmenés par le président de la Commission des lois de l’Assemblée, Sacha Houlié, ont cosigné avec la gauche une tribune pour défendre la création d’un nouveau titre de séjour pour les sans-papiers travaillant dans les métiers dits "en tension". Et plusieurs voix se sont élevées jusqu’au sein du gouvernement, comme celle du ministre de l’Industrie Roland Lescure, pour saluer cette initiative.
Un rappel à l’ordre
Cette initiative n'est pas très bien ressentie à l’Élysée. Le chef de l’État n’apprécie guère ce qui ressemble à un rappel à l’ordre. Les parlementaires le rappellent à son engagement en défendant une mesure que Gérald Darmanin pourrait être tenté de vider de sa substance, voire d’abandonner pour rallier l’appui des députés LR. Cosigner un texte initié par la gauche ne réjouit pas davantage l’exécutif. Demain, des députés de l’aile droite de Renaissance pourraient décider de faire de même et s’associer avec des parlementaires LR, sur l’immigration ou sur un autre sujet. Bref, le désordre met l’exécutif sous pression.
Cela ne fait donc pas non plus les affaires d’Élisabeth Borne parce que la Première ministre a, c’est vrai, bien du mal à trouver une majorité et avec ce texte sur l’immigration, un parfum de 49-3 risque de flotter de nouveau sur l’hémicycle. Mais d’un autre côté, le réveil de l’aile gauche de Renaissance, c’est aussi pour Élisabeth Borne un gage de survie à Matignon. Elle semble la mieux à même de préserver la pluralité interne à la majorité, mieux en tous cas que Gérald Darmanin, le chef de file de la jambe droite. C’est ce qui a convaincu Emmanuel Macron de la conserver à son poste en juillet, malgré l’offensive du ministre de l’Intérieur. Bref, Élisabeth Borne est encore, pour un temps, le plus petit dénominateur commun d’une majorité tellement fragile qu’elle n’est que relative.
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