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Loi immigration : des parlementaires de l'aile gauche de la majorité et de la Nupes signent une tribune pour défendre un texte "humaniste"

Face à la tentation de l'exécutif de faire des concessions à la droite sur le projet de loi immigration, des députés et sénateurs Renaissance, Modem, Liot, et de la Nupes (EELV, PCF, PS) publient lundi une tribune préparée en secret depuis six mois.
Article rédigé par Victoria Koussa
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Quatre des 35 signataires d'une tribune sur la loi immigration : Julien Bayou (EELV), Sacha Houlié (Renaissance), Marie-Pierre de la Gontrie (PS), Fabien Roussel (PCF) et Stella Dupont (Renaissance). (FRANCEINFO)

"Nous portons un projet humaniste et concret". Dans une alliance inédite, 35 parlementaires de gauche signent une même tribune, publiée lundi 11 septembre dans Libération et que franceinfo s'est procurée, pour préserver le volet social du projet de loi immigration. Ce parlementaires de la Nupes (PCF, EELV, PS), du groupe LIOT et de Renaissance veulent protéger ce que les Républicains qualifient de ligne rouge : la régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers en tension, piste pourtant avancée par le gouvernement qui défend un "texte équilibré". "Ce sont bien souvent ceux que l'on retrouve en première ligne dans les secteurs en tension comme le BTP, l'hôtellerie-restauration, la propreté, la manutention, l'aide à la personne", écrivent les signataires. 

Plusieurs "mesures urgentes pour l'accès des personnes au travail" 

En plus de la régularisation des travailleurs sans papier, les députés exigent la régularisation des situations de "celles et ceux qui sont présents sur le territoire national et qui sont empêchés de travailler faute de papiers". "Ils ne demandent qu'à travailler, précisent les signataires dans leur tribune, ils pourraient le faire directement ou après une formation que de nombreuses branches professionnelles et des centres de formation publics sont prêts à développer."
 
Autres demandes : "rétablir le droit au travail pour les demandeurs d'asile" – ces derniers doivent attendre six mois avant de pouvoir demander une autorisation de travail – et faciliter les rendez-vous en préfecture. "Il est temps de fixer un délai maximal à l'administration pour accorder un rendez-vous en préfecture", plaident-ils. Avant de brandir la menace de prendre une initiative "si le gouvernement n'est pas en mesure de les faire rapidement adopter par le Parlement". Initiative qui pourrait être, selon les informations de franceinfo, le dépôt d'une proposition de loi à part. 

Les coulisses de cette initiative

 
Cette tribune a été préparée en secret, pendant plusieurs mois. La première rencontre date du 9 mars 2023, en pleine journée de mobilisation contre la réforme des retraites. C'est un certain Pascal Brice, ancien patron de l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides), qui en est à l'origine et qui parvient à mettre tout le monde autour de la table. Sacha Houlié, député Renaissance et président de la commission des lois, figure de l'aile gauche de la majorité, Stella Dupont, députée Renaissance, Fabien Roussel, député communiste et secrétaire national du PCF, Boris Vallaud, patron des socialistes à l'Assemblée nationale, Marie-Pierre de la Gontrie, sénatrice socialiste de Paris, ou encore Julien Bayou, député écologiste, se retrouvent physiquement à cinq reprises, parfois dans le sous-sol de la brasserie Le Bourbon, très fréquentée par les députés et les journalistes parlementaires.
 
"J'ai souhaité lancer cette initiative, puisque je vois partout ces questions de précarité, surtout en tant que président de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), explique à franceinfo Pascal Brice. Je tenais à rassembler un certain nombre de parlementaires, de la majorité et des oppositions. J'ai même sollicité des Républicains, mais je n'ai pas eu de retour." L'homme de l'ombre s'avoue "admiratif du courage des signataires" qui ont réussi à dépasser leurs différences, et ce alors qu'ils s'écharpaient au même moment dans l'hémicycle autour de la réforme des retraites. Selon nos informations, les insoumis, qui étaient au départ de la partie, ont finalement refusé de signer en bas de la page.

Sacha Houlié, Marie-Pierre de la Gontrie, Stella Dupont, Fabien Roussel et Julien Bayou avec le personnel du restaurant Mendi Gorria, à Montrouge. (FRANCEINFO)

Pour immortaliser leur alliance inédite, les signataires posent côte à côte, lundi, sur une même photo qui vient illustrer leur tribune. Exactement ce qu'avaient fait les LR en Une du JDD, en mai dernier, pour réclamer... exactement le contraire sur l'immigration.

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