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Édito
Le gouvernement partagé sur la réponse à donner à la violence des jeunes
La mort d’un jeune de 15 ans, Matisse, tué par un adolescent du même âge samedi à Chateauroux a relancé la polémique politique autour de l’excuse de minorité. C’est d’ailleurs Gabriel Attal qui avait ouvert ce débat avant même ce nouveau drame, qui vient s’ajouter à une trop longue liste inaugurée par la mort du jeune Thomas tué lors d’un bal à Crépol, dans la Drôme, il y a cinq mois.
Gabriel Attal s’était rendu il y a deux semaines à Viry-Châtillon, autre commune, en banlieue parisienne, endeuillée par la mort de Shemseddine, 15 ans, roué de coups par un groupe de jeunes début avril. Il avait annoncé l’ouverture d’une grande concertation de deux mois sur la violence des mineurs, annoncé de premières mesures. Avant d’indiquer son intention de revoir le texte qui encadre les peines encourues par un mineur de 13 à 16 ans et peut, le cas échéant, en réduire la durée de moitié.
Complexe sur le plan juridique, explosif sur le plan politique
Une proposition qui pourrait diviser la majorité et qui froisse, d’abord le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti qui n’y est guère favorable. Le ministre de la Justice émet des réserves. Il répète que sa "boussole, c’est la Constitution". Or, celle de Gabriel Attal, fidèle à ce mantra depuis qu’il est à Matignon, c’est "l’efficacité". Elle passe, selon lui, par des "sanctions plus fermes". Les enquêtes d’opinion montrent qu’une nette majorité de Français réclament ce "sursaut d’autorité" auquel il prétend répondre. D’autant que pour le chef du gouvernement, réduire la portée de l’excuse de minorité, cela peut être un moyen de trouver des soutiens à droite, au sein du groupe LR qui réclame une telle mesure de longue date.
Gabriel Attal reste toutefois prudent. Le Premier ministre marche en effet sur des oeufs. Rien n’est tranché. À Matignon, on répète que la concertation n’en est qu’à ses débuts. Gabriel Attal a souligné qu’il entend garder le principe d’une majorité pénale fixée à 18 ans. L’éventuelle "atténuation" de l’excuse de minorité ne serait donc qu’exceptionnelle, selon la gravité des faits et, en particulier, en cas de récidive. Les syndicats de magistrats et la gauche sont vent debout contre une telle réforme. À l’inverse, l’extrême droite fait de la surenchère en accusant le gouvernement de "laxisme". Bref, sur ce dossier qui est à la fois complexe sur le plan juridique et explosif sur le plan politique, Gabriel Attal a beau espérer bâtir un consensus. Il sait que cet objectif-là relève de la chimère.
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