Ce que l'on sait de la mort de Matisse, un adolescent de 15 ans tué lors d'une rixe à Châteauroux
La rixe est survenue samedi 27 avril en fin d'après-midi. Un mineur de 15 ans prénommé Matisse est mort à Châteauroux (Indre) après une bagarre. Le principal suspect, âgé de 15 ans, porteur d'un couteau, a été arrêté et placé en garde à vue, tout comme sa mère, soupçonnée d'être impliquée dans les violences. Lundi soir, le parquet de Bourges (Cher) a annoncé la mise en examen du jeune homme pour "meurtre", ainsi que son placement en détention. Sa mère de 37 ans a été mise en examen pour "violences volontaires" et placée sous contrôle judiciaire. Franceinfo vous résume ce que l'on sait de cette affaire.
Une bagarre dans un quartier résidentiel
Samedi, entre 17h30 et 18 heures, une rixe entre deux adolescents éclate dans une rue de Châteauroux, au sein du quartier Saint-Denis, décrit comme "résidentiel et classique" par le maire de la ville, qui y habite. Il s'agit d'une "bagarre avec arme blanche, en l'espèce des coups de couteau", précise le parquet de Châteauroux dans un communiqué publié dimanche soir. L'un des deux ados est touché plusieurs fois au thorax et au dos, rapporte France 3. Il se prénomme Matisse, il s'agit du fils d'un restaurateur connu et en apprentissage, ont confirmé ses proches à la chaîne régionale. Il était âgé de 15 ans, selon la procureure de Bourges, Céline Visiedo, qui précise que l'un des coups "a atteint directement le cœur".
"Les deux mineurs se connaissaient et s'étaient réciproquement insultés avant les faits", poursuit la magistrate dans son communiqué diffusé lundi soir. "Selon les déclarations du mineur mis en examen, il aurait reçu un coup de poing de la part de la victime, ajoute Céline Visiedo. Il a expliqué que pris par la colère, il s'est rendu dans son immeuble pour se saisir d'une lame de couteau et a assené plusieurs coups de couteau à la victime avant de s'enfuir." "La mère du mineur, qui suivait celui-ci, a asséné à son tour des gifles à la victime", complète la procureure de Bourges.
Certains habitants ont assisté à la scène. Une jeune mère de famille, Marie-Mathilde, dit avoir entendu des cris. "Quand je me suis penchée, j'ai vu un jeune habillé en noir donner des coups à la victime, mais je n'ai pas vu de couteau. J'ai vu le jeune homme à terre qui disait qu'il avait mal au dos et qu'il avait froid", témoigne-t-elle auprès de France Bleu. Marie-Mathilde lance alors une couverture depuis sa fenêtre et se précipite pour descendre, où elle se retrouve avec une passante. "Quand on a soulevé son tee-shirt, on a vu les vêtements imbibés de sang. On a comprimé les plaies jusqu'à l'arrivée des pompiers", détaille la jeune femme, "choquée".
Une autre voisine explique à France 3 être "allée aider le jeune pendant qu'il agonisait". Dans un état critique lors de la prise en charge des pompiers, Matisse n'a pas survécu à ses graves blessures. Il est mort "en cours de soirée", a précisé le parquet de Châteauroux. Une enquête pour homicide volontaire a été ouverte, a annoncé le parquet, qui a ordonné une autopsie de la victime. Les investigations sont confiées au service interrégional de police judiciaire d'Orléans et au service départemental de police judiciaire du commissariat de police de Châteauroux.
Un jeune de 15 ans et sa mère mis en cause
Deux heures après la bagarre, un adolescent, "âgé de 15 ans révolus au moment des faits", est interpellé. Il est soupçonné d'avoir porté les coups de couteau. Le suspect "n'a jamais été condamné par la justice et son casier judiciaire est vierge", précise la procureure de Châteauroux. Toutefois, selon Agnès Auboin, il est mis en cause dans deux procédures pénales, dont l'une pour des faits de vols aggravés avec violences, qui a "donné lieu à l'ouverture d'une information judiciaire" le 22 avril.
La procureure précise qu'il a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire. Cette mesure est la "seule (...) prévue par le Code de la justice pénale des mineurs", notamment "pour un mineur de son âge, sans condamnation antérieure et mis en examen pour des faits de nature correctionnelle", souligne Agnès Auboin. Cette dernière précise lundi que cette procédure n'a pas de lien avec la rixe de samedi.
Agée de 37 ans, la mère de l'adolescent suspecté, qui n'a pas d'antécédent judiciaire, a également été interpellée à 20h45, puis placée en garde à vue. Elle a ensuite été mise en examen pour violences volontaires sur personne vulnérable. Placée sous contrôle judiciaire, elle a notamment interdiction de sortir du département de l'Indre et d'entrer en relation avec son fils, la victime et les témoins.
Cette dernière précise que cette famille est "en situation régulière" sur le territoire français, face à certaines réactions politiques. La procureure de Bourges a précisé lundi soir qu'ils étaient "tous deux de nationalité afghane". "La famille de l'agresseur présumé était connue des services sociaux. C'est une famille nombreuse qui faisait l'objet d'un accompagnement", a déclaré Gil Avérous, le maire de Châteauroux, lors d'une conférence de presse organisée lundi. "Comme beaucoup d'autres familles, et ça ne veut pas dire que ce sont des enfants délinquants", a-t-il insisté.
Un meurtre qui fait réagir la classe politique
Dès dimanche soir, Gil Avérous avait adressé sur le réseau social X (anciennement Twitter) ses "plus sincères condoléances et tout le soutien des Castelroussins (...) aux parents, à la famille et aux proches de la victime".
"Les moyens de la justice et des enquêteurs pour trouver avec précision tout le déroulé des événements, ce samedi après-midi là, existent. Il n'y a pas un manque en la matière", a-t-il complété lundi. Le maire a vanté l'utilité des 400 caméras de vidéosurveillance au sein de sa ville, "même s'il n'y avait pas de caméra sur le lieu même où se produit les faits". "Il y a un certain nombre d'auditions", a souligné Gil Avérous, qui a sous-entendu que les arrestations avaient été possibles grâce aux témoignages recueillis.
Les réactions politiques se sont multipliées lundi. Originaire de Châteauroux, le député LFI Antoine Léaument dit espérer que l'auteur soit "jugé au plus vite" et témoigne son "soutien dans ce moment terrible qui nous effondre tous". "Une sanction ferme doit être considérée comme éducative", commente l'ancienne ministre socialiste Ségolène Royal sur X. Le député RN du Loiret, Thomas Ménagé, a adressé ses "pensées pour sa famille et ses proches face à ce nouveau drame qui touche notre région".
D'autres personnalités politiques de droite et d'extrême droite ont utilisé ce meurtre pour dénoncer la politique migratoire de la France. "La famille de Matisse, la victime, ne souhaite pas qu'on porte ce sujet sur la place publique. Elle ne souhaite pas qu'on parle d'immigration, qu'on parle de la nationalité. Ce n'est pas quelque chose qui leur ressemble pour utiliser les mots qu'ils m'ont adressés ce matin", a rétorqué le maire de Châteauroux.
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