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Édito
La polémique autour de la lutte contre la fraude fiscale, "un classique" de la politique française

Emmanuel Macron a promis d'accentuer la lutte contre les fraudes fiscale et sociale, mardi. Et son ministre de l'Économie a aussitôt déclenché une polémique... L'édito de Renaud Dély.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Bruno Le Maire, ministre de l'Économie,devant le siège du Fonds monétaire international (FMI) à Washington, le 12 avril 2023. (STEFANI REYNOLDS / AFP)

Avec des propos plutôt musclés, Bruno Le Maire a lancé mardi, que "nos compatriotes en ont ras le bol de la fraude" et "de voir que des personnes qui bénéficient d'aides, les renvoient, au Maghreb ou ailleurs, alors qu’ils n'y ont pas droit". Une sortie qui a aussitôt suscité un tollé à gauche.

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De Jean-Luc Mélenchon à Olivier Faure, en passant par Clémentine Autain et d'autres, les responsables de la Nupes se sont indignés d'une saillie stigmatisant les étrangers, une sortie aux "relents xénophobes" pour faire, selon eux, diversion en pleine crise sociale.

Ce n'est pas la première fois que ce sujet fait polémique, c'est même un grand classique. Il y a plus de quinze ans, Nicolas Sarkozy entonnait déjà le même couplet. Bruno Le Maire le reprend en noyant dans une formule approximative des réalités complexes. Parce que si des abus existent, les étrangers en situation régulière ont parfaitement le droit de transférer le montant de leurs prestations dans leurs pays d'origine. Mais cette question des transferts d'argent à l’étranger est une boîte à fantasmes électoraux. 

Piège politique

Pendant son éphémère campagne présidentielle, un ancien ministre de gauche, Arnaud Montebourg, avait carrément menacé d'interdire tous les transferts d’argent privé vers les pays qui ne reprenaient pas leurs ressortissants visés par une mesure d’expulsion de France.

Dénoncer la fraude sociale, c'est une façon de séduire l'électorat de droite et d’extrême droite. Au-delà, c’est aussi un moyen de parler à des catégories populaires, précaires et travailleurs pauvres, dont les faibles revenus les situent juste au-dessus des minimas sociaux. À leur intention, le gouvernement use parfois de toute une rhétorique anti-assistés. C'est pourquoi la gauche ne peut pas se contenter de s'indigner et de se placer sur le terrain de la morale. Car cette polémique est aussi un piège politique qui vise à la renvoyer dans le camp des défenseurs des fraudeurs.

Or, bien sûr, un gouvernement doit lutter contre la fraude sociale. Pour ce qui concerne les prestations indûment versées, elle est estimée entre deux et trois milliards d’euros par an. C'est environ 30 fois moins que l'addition de toutes les formes de fraude fiscale.

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