Édito
L'union nationale contre l'antisémitisme est-elle possible ?

La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et son homologue du Sénat Gérard Larcher lancent un appel commun pour une grande marche contre l’antisémitisme dimanche 12 novembre après-midi à Paris.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Le président du Sénat, Gérard Larcher (à gauche) et la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet (à droite), qui appellent ensemble à une marche contre l'antisémitisme ce dimanche 12 novembre à Paris. (OLIVIER CORSAN / MAXPPP)

"Il est temps de réagir, la République est en danger", écrivent ensemble les présidents des deux chambres du parlement dans une tribune publiée par Le Figaro. Il y a eu plus d'un millier d'actes antisémites en France en un mois, soit le double de l’ensemble de l’année 2022, avec 400 interpellations et 40 Français tués lors des massacres commis par le Hamas en Israël, le 7 octobre dernier. Une bonne partie des Français juifs ont peur, jusque dans leur vie quotidienne et ils se sentent parfois oubliés et abandonnés.

Un appel un mois après le début des violences

Il aura fallu attendre un mois depuis les premiers actes antisémites survenus dans l’hexagone dans la foulée des attaques terroristes du 7 octobre en Israël, pour avoir un appel à une grande marche contre l'antisémitisme. En 1990, après la profanation du cimetière juif de Carpentras, il n’avait fallu que cinq jours pour que 200 000 personnes fassent bloc dans les rues de Paris avec en tête de cortège, le président de la République, François Mitterrand.

Depuis, la lèpre antisémite s'est répandue, la violence s’est parfois déchaînée et des Français juifs ont été tués sur le sol français parce qu'ils étaient juifs. Les meurtres sont nombreux, comme celui d'Ilan Halimi ou encore ceux des victimes des attentats de Mohamed Merah ou de l'Hypercasher.

Peu à peu, la mobilisation contre l’antisémitisme s’est faite moins massive et la communauté juive s’est sentie de plus en plus esseulée, jusqu’à se retrouver parfois, seule ou presque, sur le pavé parce que le fléau s’est banalisé et parce que les porteurs de la haine antisémite se sont diversifiés. Il y a trente ans, ils émargeaient presque tous à l’extrême droite. Aujourd’hui, beaucoup se recrutent à l’extrême gauche et ce sont des terroristes islamistes qui ont tué des Juifs en France.

Certes, la plupart des responsables politiques s'afficheront, même Jordan Bardella et Marine Le Pen, qui a appelé l'ensemble de ses adhérents et de ses électeurs à venir se joindre à cette marche. Le président du RN considère tout de même que Jean-Marie Le Pen, l'homme du "point de détail des chambres à gaz" et de "Durafour-crématoire", multicondamné, n'est "pas antisémite".

Jean-Luc Mélenchon, lui n'ira pas. Mardi 7 novembre, il a jugé que "l'antisémitisme n'est qu'un prétexte" pour afficher lors de cette manifestation "un soutien inconditionnel aux massacres" en Palestine. Selon le leader de la France insoumise, défendre les Français juifs agressés dans l’hexagone, ce serait donc applaudir le gouvernement Netanyahou quand il bombarde Gaza. Il s'agit là d'une façon toujours plus dangereuse de transformer les Juifs français en cibles.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.