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Édito
Emeutes après la mort de Nahel : pour la majorité et l'exécutif, il faut que tout change sans que rien ne change
C’était il y a un mois, déjà : la mort de Nahel, 17 ans, tué par un tir policier lors d’un refus d’obtempérer à Nanterre allait faire basculer le pays dans six nuits de violences urbaines, laissant une France sidérée. Un mois après, la vidéo saisissante publiée par Konbini sur le témoignage de Hedi, 22 ans, touché par un tir de flashball à Marseille, puis roué de coups, fait des millions de vues. C’est pour cette affaire qu’un policier de la BAC est en détention pour les besoins de l’enquête, ce qui provoque la colère de ses collègues dans tout le pays et oblige les politiques à prendre position, la Première Ministre Elisabeth Borne encore mercredi soir. Nous en sommes toujours là.
Un mois s’est écoulé, avec des questions demeurées sans réponse : qu’est-ce qui dysfonctionne dans la politique de la ville et ses 117 milliards d'euros d’aides publiques déversés depuis 2010, selon la fondation IFRAP ? Quelle place pour l'école ? Mais aussi des interrogations sur l’autorité parentale, le rôle de la police républicaine et les divisions profondes au sein de notre société.
Un toilettage gouvernemental qui ne change pas grand chose
Un mois aussi à attendre une intervention d’Emmanuel Macron, pour répondre aux émeutes sur le court et le long terme. La réponse de l’exécutif a-t-elle été au niveau des attentes des Français ? Oui en termes de rétablissement de l’ordre public, avec une mobilisation sans précédent des forces de l'ordre et une loi reconstruction menée au pas de charge pour tenter de réparer au plus vite ce qui peut l’être.
Non sur la réponse à donner en profondeur sur ce qui fracture ce pays. Le dossier a été repoussé à la rentrée par le chef de l’Etat lui-même, parce qu’il faudra du temps pour repenser la société. En attendant, la Première ministre est restée en place à Matignon. Elle n’aura pas fait office de fusible, et le remaniement se sera réduit à un toilettage gouvernemental, avec la nomination de quelques ministres au profil plus politique.
Une rentrée difficile en vue
Avec le choix de Sylvain Maillard pour présider le groupe Renaissance à l'Assemblée, ancien numéro 2 d'Aurore Bergé, la majorité a choisi la continuité plutô que le changement. D’où cette réflexion en guise de boutade : tout change mais rien ne change ? La majorité reste toujours aussi désespérément relative à l’Assemblée. Les réformes se feront dans la douleur et le budget à coups de 49.3. Il va falloir trouver des dizaines de milliards pour l’armée, le nucléaire, la transition énergétique et le reste, tout en s’attaquant à une dette vertigineuse. L'équation est impossible.
Emmanuel Macron le sait bien : finances publiques, remaniement (le vrai), dissolution, guerre de succession... Les problèmes sont encore et toujours devant.
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