Édito
Législatives anticipées : à gauche, finies les invectives et place au rabibochage !

Après plusieurs heures de négociations, les différents partis de gauche ont lancé lundi soir un appel commun à la "constitution d'un nouveau front populaire" pour les élections législatives.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les représentants des partis de gauche lancent un appel commun à la "constitution d'un nouveau front populaire", lundi 10 juin 2024. (CLAIRE SERIE / HANS LUCAS)

Après de longues heures de discussions, les partis de gauche ont appelé, lundi 10 juin dans la soirée, à la constitution d’un "nouveau front populaire" avec des candidats uniques de la gauche dans toutes les circonscriptions du pays. 
 
Des mois d’affrontements, des semaines d’invectives et de noms d’oiseaux échangés entre Insoumis et socialistes, les premiers accusant les seconds de trahir la gauche en France et les Palestiniens à Gaza, les socialistes s’indignant d’entendre Jean-Luc Mélenchon minimiser l’explosion de l’antisémitisme en le qualifiant de "résiduel". Et hop, tout est oublié en une soirée ! La menace de l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir et surtout la crainte d’être balayés dans les urnes ont suffi à tout effacer, comme par magie. Au passage, ce communiqué de rabibochage fait de Raphaël Glucksmannun le dindon de la farce.

Constituer le groupe le plus large possible à l'Assemblée 


Arrivé en tête de la gauche dimanche soir avec14 % des voix, la tête de liste du PS et de Place publique était catégorique sur le plateau du 20 heures de France 2 : non, "on ne refera pas la Nupes", jurait-il. Il se voulait garant d’un "cap clair". Oui à l’union, mais à ses conditions. Notamment un "soutien indéfectible à la construction européenne", "à la résistance ukrainienne" face à Vladimir Poutine, et une condamnation sans appel des "outrances" et de la "brutalisation du débat public". Autant d’exigences inacceptables pour Jean-Luc Mélenchon que Raphaël Glucksmann avait d’ailleurs écarté au passage : pas question que la gauche se range, comme en juin 2022, derrière le mot d’ordre "Mélenchon Premier ministre". Raphaël Glucksmann en a appelé à une figure de la "société civile", l’ancien secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger. Aucune de ces conditions ne figure dans le communiqué commun de la gauche, un accord qui ravit Jean-Luc Mélenchon qui a applaudi ce "bon travail".
 
Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, se montre moins exigeant que son ex-candidat. Sa priorité, comme en 2022 avec la Nupes, c’est de sauver un groupe socialiste à l’Assemblée. Les européennes sont passées et Olivier Faure se soucie désormais davantage de s’entendre avec les Insoumis qu’avec Raphaël Glucksmann. Avec plusieurs candidats de gauche par circonscription, rares seraient ceux capables d’atteindre 12,5 % des inscrits pour franchir le premier tour. L’union aux forceps pourrait permettre de sauver les meubles, comme il y a deux ans. Sans doute pas de gagner. Et encore moins de gouverner ensemble au vu des divergences de fond passées sous silence le temps d’un mois de campagne.

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