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Édito
Élections européennes : à quoi joue Édouard Philippe ?
À moins de deux semaines des élections européennes, Édouard Philippe ne ménage plus ses critiques envers Emmanuel Macron. À mesure que la probable défaite de la majorité se dessine, l’ancien Premier ministre semble prendre ses distances. Dimanche 26 mai, il a jugé "surprenant" que le chef de l’État propose un débat télévisé à Marine Le Pen, ajoutant : "Je ne suis pas sûr que j’aurais imaginé spontanément que ce soit une bonne idée… ". La semaine dernière, au moment où le chef de l’État s’envolait pour la Nouvelle-Calédonie placée en état d’urgence, Édouard Philippe s’était carrément fait donneur de leçons. Fort de sa gestion passée du dossier, il avait espéré des annonces présidentielles "à la hauteur" et répété que dans cette "situation terriblement triste et dangereuse", la priorité absolue était de trouver un "accord politique". Un véritable discours de la méthode.
Dans l’entourage du président de la République, on ne cache pas une certaine exaspération. D’autant qu’Édouard Philippe a fait cette sortie lors d’un meeting de soutien à la liste de la majorité. "Qu’est-ce que ça aurait été dans un meeting d’opposants… ", soupire un conseiller du chef de l’État. Emmanuel Macron a une passion pour les Tontons flingueurs, il en connaît les dialogues par cœur, et comme disait Lino Ventura dans le film : Cet Édouard "commence à les lui briser menu" !
La présidentielle de 2027 en ligne de mire
L’ancien Premier ministre choisit cette stratégie, d’abord parce qu’il considère que la campagne de la majorité est menée en dépit du bon sens. Il veut se prémunir de la collision programmée le 9 juin. Et puis surtout, Édouard Philippe prépare l’avenir. Il s’émancipe, parce qu’il sait que l’après-Macron commencera au lendemain des Européennes. Avec un Président qui ne peut pas se représenter, l’enjeu de la succession s’imposera aussitôt dans les têtes des ténors de la majorité.
Édouard Philippe prend les devants et met en scène, par petites touches, son conflit avec le chef de l’État. C’est en apparaissant comme un candidat de rupture avec le sortant qu’il pense avoir le plus de chances de l’emporter en 2027, un peu comme Nicolas Sarkozy après Jacques Chirac 2007. Une stratégie qui fait ricaner l’entourage du chef de l’État. À l’Élysée, on considère qu’Édouard Philippe a un handicap rédhibitoire : il est "juppéiste". C’est-à-dire qu’il croit que le pouvoir tombe d’en haut. Bref, il peut être nommé, comme ce fut le cas à Matignon. Mais serait incapable de faire campagne et d’être élu…
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