Édito
Défense de l'environnement ou sort des agriculteurs : le gouvernement est-il condamné à choisir ?

Alors que la colère des agriculteurs prend de l'ampleur en France, le Premier ministre rencontre leurs syndicats, lundi. Ils dénoncent des charges financières et des normes environnementales trop lourdes.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des agriculteurs bloquent l'A64 à Carbonne, entre Toulouse et Saint Gaudens, en Haute-Garonne, le 18 janvier 2024. (NATHALIE SAINT AFFRE / MAXPPP)

Des agriculteurs continuent à bloquer l'A64 lundi 22 janvier. Face à cette colère qui s'exprime depuis plusieurs jours, Le président de la FNSEA, le premier syndicat agricole, Arnaud Rousseau et les Jeunes Agriculteurs seront reçus à Matignon, à 18 heures. Pour Gabriel Attal, il y a urgence à reprendre la main. Le gouvernement répète qu’il est "aux côtés des agriculteurs", mais au-delà des déclarations, ceux-ci réclament des "actes concrets", des preuves d’amour en quelque sorte. Les agriculteurs se heurtent à l’inflation du coût de la vie, à l’augmentation du gazole non routier. Et ils contestent de plus en plus fort certaines réglementations dont ils réclament la suspension. Résultat, le gouvernement est pris en tenaille entre deux exigences difficilement conciliables.

D’un côté, celle d’assurer aux agriculteurs un niveau de vie décent et de leur faciliter la tâche pour les aider à produire davantage. De l’autre, l’exigence de respecter des réglementations environnementales conclues à l’échelle européenne pour accélérer la transition écologique. Cette tension s’accroît dans le monde rural en France, mais aussi chez nombre de voisins, par exemple en Allemagne ou aux Pays-Bas. Les organisations agricoles réclament une pause dans la mise en œuvre des normes environnementales. Elles demandent, par exemple, de pouvoir faire un usage assoupli des pesticides ou de s’affranchir de certaines restrictions d’irrigation en stockant de l’eau.

L'extrême droite surfe sur la colère des agriculteurs

Pour l’heure, le gouvernement gagne du temps. Le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a annoncé, dimanche, le report de son texte sur l’installation des nouveaux agriculteurs, le temps d’y ajouter un volet "simplification". Mais au-delà, le problème reste entier. Dès le mois de mai dernier, Emmanuel Macron avait évoqué la nécessité d’une "pause" au niveau européen dans l’établissement de nouvelles contraintes environnementales. Une déclaration qui avait provoqué le mécontentement des écologistes.

Sauf qu’un peu partout en Europe, l’extrême droite surfe sur la colère paysanne. Samedi, en Gironde, Jordan Bardella s’est employé à la récupérer en accusant l’UE de vouloir "tuer les agriculteurs français". Face à un enjeu complexe qui exige de concilier l’intérêt des agriculteurs et celui de l’environnement, le Rassemblement national peut se contenter de diatribes simplistes : son programme en faveur de la transition écologique est inexistant.

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