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Festival Visa pour l'image : "L’intelligence artificielle ne m’inquiète pas du tout", assure le photojournaliste Pascal Maître

Le célèbre photoreporter participe à la 35e édition du festival Visa pour l’image, à Perpignan. Malgré l'émergence de logiciels comme Midjourney capables de créer des images à partir de mots clés saisis, Pascal Maître estime que "la réalité a toujours été beaucoup plus forte que le reste."
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le photjournaliste Pascal Maître, le 1er septembre 2023. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Le 35e festival Visa pour l’image se déroule à Perpignan du 2 au 17 septembre 2023. L’occasion pour les photographes du monde entier de présenter leurs travaux à leurs confrères, mais aussi au public. Créé par Jean-François Leroy, cet événement permet de faire le lien entre des photographes de renom comme David Douglas Duncan, de jeunes photographes, mais aussi avec des rédacteurs en chef photo de magazines du monde entier. 

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Le photojournaliste, Pascal Maître qui travaille pour de prestigieux magazines français et internationaux comme Geo, Le Figaro Magazine, Paris Match, National Geographic, il présente à Perpignan son exposition Le charbon de bois : l’or noir des pauvres. En 40 ans de carrière, Pascal Maître a remporté de très nombreux prix, dont un au festival Visa pour l'image.

Célyne Bayt-Darcourt : Que représente ce festival pour vous et pour votre profession ? Est-ce un vrai coup de pouce lorsqu'on y est exposé ?

Pascal Maître : Oui, c'est un vrai coup de pouce et cela permet que les gens regardent notre travail. L'autre chose très importante de ce festival, c'est le public. C'est-à-dire que depuis 35 ans, 180 000 personnes sont venues et cela a permis de créer une sorte de sensibilisation à l'information, aux problèmes du monde et aussi à la photographie. Lorsqu'on voit tous ces gens qui attendent patiemment dans la chaleur pour lire chaque légende de chaque photographie, c'est formidable.

Y a-t-il peu de femmes photojournalistes ?

Non, il y en a beaucoup. Exposées, en général, c'est 30%, ce qui correspond aux 30% de dossiers présentés par les femmes au festival.

Vous, vous exposez des photos de Kinshasa au cœur des mines de charbon.

C'est un travail sur le charbon de bois. Quand j'en parle, au départ, tout le monde rit puisqu'on pense au barbecue. Sauf qu'il y a 2,5 millions de personnes qui dépendent du charbon de bois pour cuisiner leur repas chaque jour dans le monde. C'est le plus grand problème de déforestation. Plus de 50 % de la déforestation mondiale est due à l'utilisation du charbon de bois ou le bois de chauffe. Et donc c'est un problème environnemental et écologique.

Que voulez-vous faire passer dans vos photos ?

C'est un reportage. J'essaie d'être un peu d'être un peu un lanceur d'alerte parce que le charbon de bois, finalement personne n'a vraiment travaillé sur ce problème. C'est aussi un problème pour une autre raison, ça concerne surtout les villes qui vont doubler de population d'ici 2030 et jusqu'à aujourd'hui, on a très peu de solutions.

"J'espère pouvoir être un peu un lanceur d'alerte sur la problématique environnementale du charbon de bois."

Pascal Maître, photojournaliste

à franceinfo

Dans vos techniques de photographie, vous êtes passé au numérique. Aujourd'hui, c'est l'arrivée de l'intelligence artificielle. Vous devez composer avec ça. Ça vous inquiète ?

Non, pas du tout. Alors j'espère qu'il y aura des logiciels, quelque chose qui permettra de voir si c'est fait à partir d'intelligence artificielle ou pas. Mais pour moi, la réalité a toujours été beaucoup plus forte que le reste. Si vous prenez l'exemple du charbon de bois, il faudra toujours quelqu'un pour commencer le reportage.

Est-ce que les journaux ont encore les moyens de vous payer convenablement, vous, les photojournalistes, de vous envoyer au bout du monde ? On sait qu'il y a une vraie crise de la presse.

Il y a une vraie crise globale. C'est un peu dommage parce qu'on se rend bien compte qu'il y a moins de gens qui voyagent et donc ça limite la qualité de l'information. Moi, j'ai encore la chance que les journaux me donnent des moyens pour travailler. Maintenant, les journaux, financent un peu moins, mais il y a énormément de bourses et d'autres possibilités.

Vous avez 68 ans, on ne prend pas sa retraite dans ce métier ?

Est-ce que c'est un métier ou est-ce que c'est une passion ? Je n'ai pas vraiment l'impression de travailler.

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