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En images "Le Bal des Rejetons" : 30 photographes pour un portrait tendre de la France

Article rédigé par Christophe Airaud
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
La solitude de la vieillesse, les sourires des exilés ou la sobriété joyeuse. En 500 pages et plus de 300 photographies, "Le Bal des Rejetons" regroupe les séries de 30 photographes comme autant d'histoires d'une France loin des projecteurs de l'actualité. L'ouvrage sera présenté à Arles, la capitale mondiale de la photographie au mois de juillet. En images.

C'est écrit dans l'avant-propos du livre : "Cet ouvrage n'aurait jamais dû exister". A son origine, la décision d'un collectif de ne pas laisser tomber 30 photographes recalés d'un concours pour un appel à projet exceptionnel du ministère de la Culture. Ils n'avaient pas été retenus. Ecartés, recalés comme pour les examens, pas pris, pas choisis... Alors ils se sont associés et avec Le Bal des Rejetons, ils racontent une France d'aujourd'hui. Aux Editions de Juillet.

"Le cinquième âge" est le titre de la série de Laetitia D'Aboville. Dans les EHPAP,  la période du Covid fut dramatique. Dans deux établissements à Pantin et à Marseille, elle a photographié les malades d’Alzheimer pour qui "leur planète change à chaque minute". Elle a capté cette étrange solitude, le regard perdu vers un horizon et un monde qui n’est que le leur. Elle raconte cet "univers à part, que la société refuse souvent de voir". (LAETITIA D'ABOVILLE)
Le 15 août 2021 sera une date indélébile pour ces Afghans. La prise de Kaboul par les talibans a entraîné leur exil. Frédérique Lebrun a photographié cette diaspora, terme qui dit la dispersion à travers le monde. Pour eux, l’exil a signifié "tout perdre". Ces images, rassemblées sous le titre de "Après la chute" racontent ce dénuement, mais un éclat de rire face à la mer laisse imaginer un avenir meilleur sur une nouvelle terre. (FREDERIQUE LE BRUN)
Il a le regard vers le sol, un mélange de fatigue et de pudeur. C'est un jeune homme que Samy Ait Chikh dans "Marseille-Dublin" a photographié à Marseille. C'est un des 7 000 demandeurs d'asile qui en France attendent une réponse. C'est un jeune homme échoué sur les bords de la Méditerranée en attente d'un statut. La série raconte "de l'exode à l'asile". Le soleil de Marseille illumine leurs regards emplis d'espoir. Tous rêvent d'un avenir possible en Europe. (SAMY AIT CHIKH)
"Vivre ma vie !" est une série documentaire de Patricia Lecomte sur la vie de jeune adulte porteur d'un handicap mental ou autiste. Ils et elles ont entre 30 et 35 ans.  Ils vivent en studio au sein d'un foyer, en appartement indépendant ou en appartement partagé. Un regard tendre et intime. Une photographe qui regarde ces jeunes comme elle aurait regardé tous les jeunes. (PATRICIA LECOMTE)
Le collectif du "Bal des Rejetons" ne pouvait passer à côté des effets du dérèglement climatique. Valentine Zeller par ces tirages sombres, inquiétants et brûlés au chalumeau plonge dans "les paysages intérieurs" de chacun. Elle le dit : "Ce n'est plus pour alerter mais pour changer notre rapport au monde et imaginer celui de demain! " (VALENTINE ZELER)
"Vivre de peu mais comme elle l’entend…" C'est le credo d'Agathe que Nathalie Baetens nous raconte en 13 photographies tendres et délicates.  Un choix de vie radical mais heureux. Sa voiture est donc sa maison et Agathe déclare : "Il y a en moi une envie d’itinérance, de nomadisme, de liberté. D’avoir une toute petite maison, mais un énorme jardin qui change tous les jours". (NATHALIE BAETENS)
Karoll Petit de l'agence Hans Lucas est une photographe du monde agricole. Mais il faudrait plutôt écrire, Karoll est la photographe des femmes qui travaillent la terre. Pour "Les champs des femmes", elle capte ces agricultrices qui durement sont attachées à leurs cultures et à leurs animaux. Cette série donne enfin un visage à "toutes ces agricultrices, paysannes, femmes de la terre qui sont fières de ce qu’elles produisent, fières de nourrir les gens" et sont si souvent "invibilisées". (KAROLL PETIT / HANS LUCAS)
Un ado en tenue d'apiculteur porte à sourire et la lumière reflète le début d'été. Bientôt les vacances sauf pour ces jeunes-là. Anthony Micallef est parti d'un constat simple, l'école est peu mise en image. Pourtant 3,5 millions de jeunes y passent une si longue partie de leurs années. Et les clichés sur l'adolescence et la banlieue sont tenaces. 600 ados étudient au collège Jacques-Prévert et dans ces images, dans leurs regards, leurs attitudes, il y a autant d'inquiétude que d'espoir, autant de rêve que de rire. (ANTHONY MICALLEF/HAYTHAM-REA / HAYTHAM PICTURES)
Les grands ensembles de Pissevin et de Valdegour ont été construits pour accueillir 45 000 personnes dans les années 60. Ce sont des zones que l'on dit prioritaires depuis des décennies. Des barres d'immeuble anonymes et lointaines. Estelle Pereira est partie à la rencontre de celles et ceux qui y habitent. Car ces immeubles voués à la destruction, à la réhabilitation sont habités. Il y a des jardins sauvages, des balcons ensoleillés, des révoltes et des fous-rires. Cette série raconte la vie de millions de Français, « leur chez-soi ». (ESTELLE PEREIRA )
C'est un autre "chez-soi". Eux habitent au pied de la centrale nucléaire de Cattenom en Moselle. Leur paysage: ces 4 tours aéroréfrigérantes de 165 m, et leur panache de vapeur d'eau. Nikos Djail a imposé dans ses 11 portraits ce décor inquiétant et omniprésent. "Mais les habitants n’y font pas attention. Certains aiment même la skyline atomique qui surgit au bout d’un champ ou d’une forêt.". La série se nomme avec humour : "Atome crochu" ! (NIKOSDJAIL)
"Pour elles et eux, la randonnée est un outil thérapeutique. Pas moyen de rester statique, sinon l'équilibre physique et mental est menacé." Florent Pommier n’en dira pas plus des raisons qui poussent ces femmes et hommes à marcher. Mais chacun à cette devise "Marcher soigne". Loin des violences, loin du cancer loin d’une enfance saccagée. Et les arbres, les fourrés accompagnent ces portraits. Une respiration et un titre poétique "Vide ton sac" (FLORENT POMMIER)

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