"Citoyennes" sur LCP : le très long combat des femmes pour obtenir le droit de vote

Alors que la France s’apprête à commémorer le 80e anniversaire du droit de vote accordé aux femmes, ce documentaire, signé Stéphanie Thomas et Jean-Frédéric Thibault, retrace deux siècles de lutte des Européennes.
Article rédigé par Célyne Baÿt-Darcourt
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Stéphanie Thomas le 19 avril 2024. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Le 21 avril 1944, les femmes obtenaient le droit de vote en France. À l’occasion du 80e anniversaire de cette décision, la chaîne parlementaire (LCP) propose sur sa plateforme le documentaire Citoyennes ! qui retrace ce combat des femmes en France et en Europe plus généralement. Ce documentaire se demande pourquoi ces pays ont mis autant de temps avant d'accorder le droit de vote aux femmes, alors que 58 pays dans le monde l'avaient déjà fait, et certains depuis bien longtemps.

C'est la Nouvelle-Zélande qui ouvre la voie en 1893. Puis la Finlande au moment où elle s’est séparée de la Russie en 1906. À ce moment-là, les hommes et les femmes se sont donnés la main, "plutôt que de rester l'un contre l'autre", souligne Stéphanie Thomas, la réalisatrice du documentaire. Alors qu'aux États-Unis comme au Royaume-Uni, le combat a été plus radical. N’étant pas entendues, les femmes ont fini par monter au créneau en faisant "sauter des ponts, des bâtiments publics, des boîtes aux lettres aussi. La répression a été assez violente. Elles se sont fait castagner, violenter, gaver de force lorsqu'elles faisaient la grève de la faim", raconte la réalisatrice.

"Les Françaises demandaient le droit de vote depuis la Révolution"

La France est à la traîne, alors que le droit de vote commence à être accordé aux femmes en Europe après la Première Guerre mondiale. "En réalité, les femmes en avaient envie depuis très longtemps. Plusieurs femmes se sont illustrées en demandant ce droit de vote dès la Révolution", explique Stéphanie Thomas. Mais "la France était installée très confortablement dans sa IIIe République depuis 1870 et les hommes n'avaient pas du tout envie de changer ou de voir les femmes prendre un petit peu de pouvoir", poursuit-elle. Un sénateur français disait : "Les mains des femmes sont faites pour être baisées dévotement, amoureusement, mais certainement pas pour aller mettre un bulletin dans une urne", rapporte Stéphanie Thomas.

Les Françaises mènent également un combat plus intellectuel que dans d'autres pays. "Ce n'était pas la même population, pas les mêmes suffragettes. En France, c'étaient les femmes de bourgeois qui se sont dit : 'Tiens, on va combattre pour nos sœurs'. Et elles étaient un peu plus policées, on va dire", explique Stéphanie Thomas. "Les Françaises ont surtout utilisé les happenings comme mode de communication, pour sensibiliser les hommes à donner ce droit de vote aux femmes". Un mode d'action illustré par Louise Weiss, grande féministe, qui se présente symboliquement aux municipales à Paris en 1935. Le droit de vote qui sera finalement accordé aux femmes le 21 avril 1944.

Les auteurs du documentaire ont également retrouvé trois femmes qui ont voté pour la première fois, aux municipales de 1945. Elles sont centenaires aujourd'hui. L'une d'elles, Simone, "pense que les droits des femmes ne sont pas encore aboutis, qu'il faut continuer la lutte, et elle propose la révolution du haut de ses 101 ans", conclut Stéphanie Thomas.

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