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Histoires d'Info. Moins d'élèves par classe, ça fonctionne ?

En cette rentrée, les élèves de CP du réseau d'éducation prioritaire renforcée REP+ ne seront que 12 par classe. L'an prochain, le dispositif sera élargi avant de s'attaquer au CE1 en 2019.

Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Une classe d'école en Moselle. (JULIO PELAEZ / MAXPPP)

Chaque enseignant pourrait témoigner des difficultés à faire passer le savoir dans des classes surchargées et plus particulièrement dans les quartiers difficiles ou sensibles. C'est ce constat qui avait poussé l'État à se lancer dans le vaste projet des Zones d'éducation prioritaire (ZEP) lancé par Alain Savary en 1982. Parmi les mesures particulières destinées aux établissements scolaires situés dans ces zones et visant à lutter contre l'échec scolaire, la mesure phare était la limitation du nombre d'élèves par classe et des primes pour inciter les enseignants à garder leurs postes. Mais, et l'auteur de ces lignes peut en témoigner, 25 élèves par classe en ZEP, ce n'était pas vraiment la panacée.

À la fin des annnées 1990 et au début des années 2000, les débats furent houleux entre ceux qui considéraient que les ZEP n'étaient qu'un gadget sans utilité et coûteux et les autres qui, à l'image de Thomas Piketty, considéraient qu'elles avaient permis de réduire les inégalités et qu'il fallait donc aller plus loin. Au-delà du cas des ZEP, la question de la réduction des effectifs est ultra sensible et non dénué d'arrières pensées idéologiques.

Réduire les effectifs des classes en difficulté

Au début des années 2000, une vaste expérimentation fut lancée en France : c'est la seule à ce jour. 200 classes de CP en difficulté ont été choisies dans dix académies. Dans une moitié des classes, on a dédoublé les effectifs, pour obtenir huit à douze élèves, et dans l'autre moitié, on a maintenu les effectifs normaux. Puis, en fin d'année scolaire, on a comparé les deux groupes de classe.

Les élèves qui avaient fréquenté les classes dédoublées ont obtenu de meilleurs résultats au test (près de quatre points de plus sur 100). L'effet est donc réel, même s'il n'est pas impressionnant. Mais cet écart fond comme neige au soleil au lendemain des vacances d'été. Il n'existe même plus après un an passé par tous les élèves dans un CE1 non dédoublé.

Dédoubler les classes dès la maternelle ?

Cela tend à démontrer que le dispositif devrait en effet être prolongé sur plusieurs années, comme le prévoit le gouvernement avec le dédoublement pour le CE1 à la rentrée 2019. Autre enseignement : les vacances d'été sont bien trop longues, notamment pour les élèves des quartiers défavorisés. Enfin, il faudrait peut-être commencer le dédoublement dès l'école maternelle. Cette expérimentation pose donc davantage de questions qu'elle n'offre de réponses définitives. Des questions que le nouveau ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a eu le mérite de mettre sur la place publique.

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