Histoires d'info. Vagin, clitoris, plaisir sexuel… Le féminisme par la réappropriation du corps
La pièce "Les Monologues du vagin" a été reprise mercredi par trois femmes politiques ou du monde des médias, au théâtre Bobino à Paris. Une pièce internationalement connue, illustration d'un combat féministe par la réappropriation du corps.
Mercredi 7 mars, Marlène Schiappa Myriam El Khomri et Roselyne Bachelot ont interprété Les Monologues du vagin sur scène. Une manière de lancer la journée des droits des femmes avec une pièce de théâtre militante, créée à Broadway en 1996.
Les Monologues sont une pièce féministe où il n’est pas question d’égalité salariale ou de harcèlement de rue, mais de ce qui a longtemps été un tabou majeur, le plaisir sexuel féminin. Un tabou que nous avons pu mesurer en plongeant dans les archives de l’INA.
Insémination de bovins
Le mot vagin n’apparaît que dans les années 1970 et soit pour évoquer la contraception soit pour parler de... l’insémination des bovins. Quant au clitoris, c’est exclusivement pour évoquer la question de l’excision en passant sous silence le plaisir sexuel.
Les Monologues du Vagin, adaptés en France en 2000, ont fait changer les choses. Une pièce doublement militante. D’abord, pour l’écrivaine Eve Ensler, l’auteure des Monologues du vagin, le combat féministe passe par la réappropriation par les femmes de leur propre corps, et notamment du vagin. Voici ce que disait Eve Ensler, lors d'une conférence TED, en 2004 : "Au début, toutes les fois où je montrais le spectacle, les femmes faisaient la queue après le spectacle. Parce qu’elles voulaient me raconter leur histoire. Et au début je me disais : 'Oh super, je vais entendre parler de merveilleux orgasmes, de vies sexuelles formidables et à quel point elles aiment leur vagin'. Mais en fait, ces femmes ne faisaient pas la queue pour me parler de ça. Elles faisaient la queue pour me dire comment elles avaient été violées, comment elles avaient été cabossées, comment elles avaient été battues, comment elles avaient victimes d’une tournante dans un parking, comment elles avaient été victimes d’inceste de la part de leur oncle. J’ai voulu arrêter les Monologues du vagin, parce que je me sentais découragée. J’étais comme un reporter de guerre qui prend des photos d’événements terribles mais qui n’intervient pas."
Une pièce militante
À partir de 1997, la pièce commence à être utilisée pour collecter des fonds pour lutter contre les violences faites aux femmes et le spectacle est devenu un acteur, le reporter de guerre ne s’est plus contenté de recueillir des témoignages. C’est la deuxième dimension militante des Monologues du vagin.
Ainsi, la pièce a permis de récolter des sous bien sûr, mais a aussi participé de cette réappropriation du corps par les femmes, dans un monde où, et c’est l’OMS qui le dit, une femme sur trois sera victime de violence physique ou sexuelle au cours de sa vie.
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