De Breivik au terroriste de Christchurch, une même obsession pour la "patrie de Charles Martel"
Le terroriste de Christchurch, un Australien de 28 ans, a laissé un long manifeste dans lequel on trouve des références mutliples, notamment une focalisation sur la France qu'il partage avec son maître, Anders Breivik.
Dans le manifeste qu'il a laissé, le terroriste de Christchurch, qui a tué au moins 49 personnes en attaquant deux mosquées en Nouvelle-Zélande, a évoqué plusieurs cas de "résistance" passés. Il s'agit de l’attentat à la mosquée de Sainte-Foy à Québec, en janvier 2017, et de la tuerie perpétrée par Dylan Roof dans une église de Charleston en juin 2015. Il évoque surtout deux personnes qui l’auraient poussé à agir.
Il y a d'abord Candace Owens, une commentatrice conservatrice afro-américaine pro-Trump, qui déverse quotidiennement sa haine contre les démocrates et considère que les antifascistes sont plus dangereux que le Ku Klux Klan.
La personne qui m'a le plus influencée est Candace Owens. Chaque fois qu'elle parle, ses idées m'étonnent et ses propres opinions m’ont poussé de plus en plus dans la conviction que la violence prévalait sur la douceur
Le terroriste de Christchurch
Il y a également Anders Breivik. Dans le très long manifeste que Breivik laisse en juillet 2011 après le massacre d'Utoya (Norvège), Breivik ne fait guère de doute sur sa haine de l’islam et sa crainte de la dévirilisation de l’Occident.
Dans sa logorrhée, Breivik évoque beaucoup la France, qu’il qualifie de "patrie de Charles Martel". Il l’évoque plus que la Norvège, à 548 reprises contre 422 fois son pays d’origine. La France est selon lui malade, en voie d’islamisation. Il évoque aussi la tête de pont de l’islamisation de l’Europe depuis la décolonisation, la politique arabe du général de Gaulle et le début du complot visant à remplacer le peuple européen par le peuple arabe.
Eurabia, une référence fondatrice
Selon lui, il faut se lever pour sauver la civilisation européenne blanche, chrétienne ou judéo-chrétienne, contre l’invasion des Musulmans. Il estime qu'elle n'est pas le fait de simples courants migratoires et de comportements démographiques différents mais la conséquence d’un grand complot qui viserait, avec la complicité des gauchistes, objet d’une haine farouche, à faire de l’Europe une colonie arabe.
La notion de colonisation est d’ailleurs fréquemment utilisée par les idéologues qui diffusent, depuis une quinzaine d’années, cette théorie. Cette dernière est véhiculée par une Britannique d’origine égyptienne, Bat Ye'or, dans son livre publié en 2005, Eurabia, l’axe euro-arabe et qui connaît une large diffusion dans les milieux identitaires.
Cette théorie regarde avec admiration la résistance d’Israël à son environnement arabe et craint en permanence que le grand défenseur d’Israël et de la race blanche, les Etats-Unis, ne basculent à son tour dans cette soumission. L’élection de Barack Obama leur a fait craindre le pire, celle de Trump les a rassurés. D’ailleurs, le terroriste de Christchurch évoque en ces termes le président américain : le "symbole de l’identité blanche retrouvée".
"Le grand remplacement", une référence explicite à un idéologue français
Le terroriste de Christchurch évoque, comme Anders Breivik, la France dans son manifeste. Il dit l'avoir visité, se rendant alors compte de l’état de l’islamisation du pays. Le titre de son manifeste, Le Grand Remplacement, une expression qui renvoie à la notion d’"eurabia". Elle date, selon certains historiens, du tout début du XXème siècle et de Maurice Barrès mais, dans les milieux identitaires, elle naît sous la plume d’un idéologue français, Renaud Camus, dans le livre "Le Grand remplacement" qui sort en 2011.
Le grand remplacement c'est le fait qu'il y a un peuple, et que tout à coup il y ait un autre peuple, ou plusieurs autres peuples. Je crois que c'est ce que à quoi nous sommes en train d'assister. Il y a un changement de peuple.
Renaud Camussur France Culture, le 16 avril 2011
A de multiples reprises, Renaud Camus s’est prononcé contre des réponses violentes à ce "grand remplacement", condamnant par exemple les actes de Breivik. Il a également twitté sa condamnation totale de l'attentat de Christchurch. Malheureusement, le terroriste de Christchurch n’a pas suivi cette recommandation.
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