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Histoire de folles rumeurs. Les avions envoient des substances chimiques sur la Terre

Une rumeur qui révèle angoisses environnementales et défiance à l'égard des pouvoirs.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La condensation laissée par les avions forment des trainées blanches. (ROBERT MICHAEL / DPA)

Tout commence au milieu des années 1990. Les traînées laissées dans le ciel derrière eux par les avions intriguent de plus en plus de monde. Bien sûr, personne n’ignore l’existence des "contrails" : des traînées de condensation, un peu comme des nuages, formés par la rencontre entre l’air très chaud sortant des moteurs de l’avion et l’air très froid de la haute altitude.

Mais pour certains, qui remarquent des traînées aux formes étranges, nettement plus larges et qui paraissent se maintenir plus longtemps dans le ciel, parfois ce ne sont pas des contrails que l’on voit, mais ce sont des "chemtrails", contraction de chemical trails: traînées chimiques. Selon eux, les gouvernements balancent des métaux lourds, notamment du baryum, pour stériliser la population, et éviter ainsi la surpopulation. Selon d’autres, c’est Monsanto qui serait à la manoeuvre. Le géant américain, et désormais allemand, l’entreprise la plus détestée du monde, spécialisée dans les pesticides et les OGM, détruirait ainsi les cultures traditionnelles, notamment bio, pour vendre ensuite leurs produits, les seuls capables de résister à ces fameux épandages massifs de produits chimiques. Certains qui croient aux chemtrails sont tout de même nettement moins catastrophistes. Au contraire même selon ceux-là, il s’agirait d’une des techniques de géo-ingénierie, ces techniques visant à trouver des solutions au réchauffement climatique en larguant un mélange chimique déviant les rayons du soleil.

Souvenirs visuels 

Personne ne sait comment sont nées ces théories, largement partagées. Elles reposent sur des bribes de réalités, présentes, passées ou mêmes futures. Passées, car on a tous en tête les épandages bien réels de pesticides par les petits avions sur les champs ou les vignes; on a aussi en tête les herbicides, le fameux agent orange, balancés par les avions américains sur les forêts du Vietnam. On sait également que la géo-ingénierie est une option très sérieusement envisagée, même si encore à l’échelle expérimentale aujourd’hui. 

Reste qu’après avoir pris ces théories à la légère, les scientifiques les ont enfin prises au sérieux. En 2016, une équipe de quatre chercheurs à recueilli les conclusions de 77 scientifiques spécialistes en chimie atmosphérique et géochimie. 76 d’entre eux affirment n’avoir jamais rencontré aucune preuve valide de l’existence des chemtrails. Un seul explique être tombé sur un échantillon présentant un haut niveau de baryum atmosphérique. Insuffisant cependant pour conclure en la réalité des chemtrails.

Un impact non négligeable 

Pour autant, il ne faudrait pas faire un ouf de soulagement et regarder les traînées de condensation, les contrails, uniquement comme de jolies formes dans le ciel bleu. En 2018, une étude conduite par le professeur Bernd Kärcher, physicien au Centre allemand pour l’aéronautique et l’astronautique, conclut que ces contrails ont un impact au moins aussi important que le kérosène sur le réchauffement climatique en absorbant une partie de la radiation venant de la Terre et en la réémettant vers le sol. Le professeur Kärcher propose de trouver des alternatives au kérosène pour réduire drastiquement les contrails, ce qui aurait aussi pour intérêt de diminuer les peurs irrationnelles liées aux chemtrails.

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