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États-Unis : le président élu Joe Biden instaurera-t-il un ministère de la Culture ?

Le poste de ministre de la Culture n’existe pas aux États-Unis. L’élection de Joe Biden relance le débat. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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L'entrée du MoMA de New-York, le Musée d'Art Moderne aux Etats-Unis. Photo d'illustration. (RAINER JENSEN / DPA-MAXPPP)

Il n’y avait rien à espérer de Donald Trump dans ce domaine mais l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche relance l’espoir de voir le pays rejoindre la cinquantaine de nations comptant un représentant de la culture dans leur gouvernement. Comme l’a dit le directeur de l’institut des musées et des bibliothèques sur NPR, le Radio France américain, le président élu est "un grand amoureux de la poésie irlandaise et donc clairement un homme civilisé". C’est aussi un candidat qui a répété pendant sa campagne vouloir "restaurer l’âme de l’Amérique" après quatre années de Donald Trump. Pour beaucoup de défenseurs des arts ici, l’âme de l’Amérique passe justement par sa culture.

Comme en France, la pandémie n’a pas épargné les musées, les cinémas, les théâtres, les opéras et les parcs d’attraction. Un tiers des musées du pays pourraient fermer définitivement. Face à ce chantier, plaide le Washington Post, il faut un "Anthony Fauci" des arts en référence au professeur Fauci, le visage de la lutte contre le coronavirus aux Etats-Unis.

Ce serait une première

Autre motif d’espoir : le Sénat est passé sous contrôle démocrate. Or, pour créer ce poste de ministre de la Culture, il faut une loi votée au Congrès et ce sera sans doute plus simple sans majorité républicaine. Cela ne veut pas dire que les Républicains n’aiment pas l’art, ils considèrent plutôt que ce n’est pas l’affaire du gouvernement.

Il n'y a pas de ministre de la Culture, ni de ministre des Sports aux États-Unis. Ce sont des puritains qui ont fondé le pays. Ce n'était pas forcément des grands passionnés de danse ou de musique. Plus tard, l’exemple nazi ou communiste; qui ont utilisé la culture comme un outil de propagande, en a aussi convaincu plus d'un de garder les arts à distance du gouvernement. John Fitzgerald Kennedy aurait quand même envisagé la création du poste. "Je vois peu de choses compter plus pour l’avenir de notre pays et de notre civilisation que la pleine reconnaissance de la place de l’artiste", avait-il déclaré. En 2009, le producteur de musique Quincy Jones a fait du lobbying auprès de Barack Obama, sans résultat.

Cinq millions d’emplois sont liés à la culture 

La culture n’est pas totalement ignorée par Washington. Elle représente en effet une part du PIB estimé à 4,5%, le secteur emploie 5 millions de personnes et pèse 877 milliards de dollars. L’agriculture ou les transports, qui ont leur propre ministère, ne pèsent pas forcément autant dans l’économie. Le département de l’État et de l’éducation ont leur propre service culture. Un comité des arts a été créé dans les années 80 à la Maison Blanche mais ses membres ont presque tous démissionné au cours du mandat de Donald Trump.

Il y a aussi une dizaine d’agences financées par le Congrès comme le fonds national pour les arts qui dispose de 160 millions de dollars. Une part minuscule du budget fédéral. Cela n’a pas empêché Donald Trump, encore lui, de vouloir s’en débarrasser à plusieurs reprises. Le Congrès s’y est opposé. Créer un ministère permettrait de coordonner toutes ces agences et surtout symboliquement de montrer que la culture est une priorité.

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