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Espagne : aux Baléares, la victoire des femmes de ménage dans les complexes hôteliers

Le personnel de ces établissements touristiques a réussi à gagner une longue bataille : un maximum de chambres à faire par jour.
Article rédigé par franceinfo, Mathieu de Taillac
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Les femmes de ménage des Baléares ont réussi à inscrire la limitation de la charge de travail dans leur convention collective. (Holger Leue / Gettyimages)

C’est une région de plage et de soleil dans un pays très touristique. Les îles Baléares en Espagne dépendent des vacanciers et les hôteliers dépendent de leur personnel. Et les femmes de ménage s’organisent depuis quelques années pour améliorer leurs conditions de travail.

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La dernière bataille gagnée en date, c'est un nombre plafond de chambres à nettoyer, calculé hôtel par hôtel, pour préserver la santé des femmes de ménage. Un calcul à la carte, car c’est plus long de nettoyer une grande suite d’un établissement 5 étoiles avec salon et jacuzzi, que de faire le lit et la douche d’une petite chambre double d’un 2 étoiles. 

Une revendication de longue date

La signature de cette limitation de la charge de travail dans leur convention collective est une victoire après de longues années de bataille pour ces employées qui s'appellent en Espagne Las Kelli, une abréviation de "las que limpian” (celles qui nettoient, en français).

"Moi, par exemple, je dois faire 24 chambres dans l’hôtel où je travaille, raconte Sara del Mar García, présidente de l’association Kellys Baléares. Si, au lieu de 24, j’en fais 20 ou 18, évidemment, on va voir la différence. La charge physique va diminuer et les maladies professionnelles aussi. Parce que si on a plus de temps pour nous baisser, nous lever, tirer un meuble, le pousser… On aura plus de temps pour ne pas forcer comme on le fait à présent". 

Résultat, d'autres femmes de ménage qui travaillent dans d'autres communautés autonomes d'Espagne, veulent obtenir, elles aussi, cette avancée sociale.

Prochain objectif : la retraite anticipée

Les femmes de chambre d’Ibiza, de Majorque ou de Minorque ont obtenu aussi des hôtels, d’abord les 4 et 5 étoiles, puis les autres, qu'ils doivent s’équiper en lits réglables en hauteur. L'idée est simple : ne plus s'esquinter le dos, ni trop se courber toute la journée, quand elles font les lits en question. C’est prévu dans une loi régionale qui s’applique peu à peu jusqu’en 2028. Les lits d’hôtels ne sont plus considérés comme une partie du mobilier, mais comme un outil de travail.

À ce titre, ils doivent être adaptés en terme d’ergonomie et de prévention des risques professionnels. Les chefs d’entreprise sont d’accord. Il faut dire aussi qu’ils reçoivent de généreuses subventions de la région.

L’association Kellys Baléares s'est fixée aujourd'hui un nouvel objectif à atteindre : une retraite anticipée. L’âge légal en Espagne se situe entre 65 et 67 ans selon les annuités. Les Kellys soulignent qu’elles ne peuvent pas continuer à faire de tels exercices à un tel rythme quand on approche les 65 ans. S’attaquer aux retraites est un défi de taille. Mais les pouvoirs publics n’ont pas n’importe qui face à eux. Ils ont les puissantes femmes de ménage des Baléares.

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