En Espagne, la ville de Séville s’apprête à faire rouler ses bus au jus d’orange
La ville de Séville, capitale de l’Andalousie, au sud du pays, s’apprête à faire rouler ses bus… au jus d’orange. L’information sonne comme un poisson d’avril, mais l’affaire est très sérieuse. Commençons par le commencement : Séville compte quelque 40 000 orangers, qui embaument à la floraison et ravissent les touristes dans la ville. Seulement, pas de chance, ils produisent des oranges impropres à la consommation : trop amères et peut-être aussi trop polluées.
Aussi, chaque année, la mairie de Séville se débarrasse comme elle peut de 4 000 tonnes d’oranges. Une partie symbolique est utilisée dans la parfumerie, une toute petite portion dans les marmelades, tandis que le reste termine à la déchetterie. Cela pourrait changer, car depuis trois ans, une station d’épuration les transforme en gaz, pour le moment à titre expérimental.
Du biogaz à partir de boues et d’oranges
"Ces oranges, on les broie, on obtient le jus d’orange auquel on fait subir un processus de digestion appelé anaérobie : il faut imaginer un estomac géant !, explique Benigno López Villa, le responsable du département environnement d’Emaesa, l’entreprise municipale de l’eau de Séville. On ajoute les boues de la station d’épuration et on obtient un biogaz très riche en méthane."
"On utilise ce gaz comme carburant pour alimenter un moteur qui le transforme en énergie électrique et cette énergie ainsi obtenue sert à faire tourner la station d’épuration."
Benigno López Villaà franceinfo
C’est donc le mélange des boues et des oranges qui permet de produire le biogaz. Les stations d’épuration savent le faire depuis vingt ans avec d’autres résidus organiques, mais la nouveauté est que les oranges vont permettre d’augmenter considérablement la production de biogaz à Séville.
Trois à quatre bus pourraient profiter des excédents
Que sont devenus les bus dont nous parlions ? On y arrive ! Dès la saison prochaine, les installations vont absorber toutes les oranges de Séville, c’est-à-dire mille fois plus d’oranges que jusque-là. Avec, en sus, des perspectives d’excédents de biogaz.
Benigno López a une petite idée de ce qu’il veut en faire : "Ce biogaz est composé à 64% de méthane, explique-t-il. Si on purifie les 36% d’impuretés restantes, on peut l’utiliser par exemple comme carburant de véhicules. Par exemple pour le transport urbain. Les véhicules urbains pourraient faire le plein dans la station d’épuration. On aimerait avoir une ligne de bus, ce qui veut dire entre trois et quatre bus en circulation alimentés uniquement par ce gaz." Séville espère faire tourner ces premiers bus à la deuxième saison. On pourrait donc voir en 2024 - 2025, des bus rouler au GPL issu des célèbres orangers de la ville, la boucle est bouclée.
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