Cet article date de plus de deux ans.

Au Liban, le street-art pour redorer l'image d'un quartier pauvre de Tripoli

Dans un quartier pauvre de la ville côtière libanaise, une association invite des artistes à réaliser des fresques sur les immeubles. Une initiative qui permet aux habitants de s'évader et d'amener le beau au milieu de la misère. 

Article rédigé par franceinfo - Noé Pignède
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Une fresque murale dans un quartier de Tripoli, le 29 janvier 2021.  (JOSEPH EID / AFP)

Dans le quartier Bab el-Tabbaneh de Tripoli, l’un des plus pauvres de la ville, l'artiste Jo Ber s'élève dans une nacelle à cinq mètres de hauteur. "Welcome on board", lance-t-il. Autour de lui, il n'y a que des grands immeubles insalubres, où s'entassent des centaines de familles. Jo Ber est français, il a une bombe de peinture à la main qu'il agite, et il est en train de réaliser une fresque de 200 mètres carrés sur la façade d'un immeuble. Son œuvre du jour s'inspire de l'antiquité libanaise. 

>> Au Liban, un graffiti géant sur les toits de Tripoli pour pacifier les quartier

"C'est un Phénicien qui tient un cèdre du Liban. Il va y avoir des animaux, des maisons. Pour les couleurs, on est sur un ciel plutôt turquoise, des tons ocres, marrons, jaunes, assez lumineux", décrit l'artiste. Jo Ber n'est pas seul pour réaliser ses œuvres. À ses côtés, il y a deux autres artistes français et trois libanais, réunis par l’association Artivista. Elle promeut le street-art à travers le monde, surtout dans des quartiers défavorisés comme celui-ci.

Donner une autre image de Tripoli 

À travers ces œuvres de rue, l'association entend aussi redorer le blason de villes comme Tripoli. Au Liban, le quartier Bab el-Tabbaneh est surtout connu pour ses faits-divers sordides et ses fusillades. "Dans le quartier, il y a eu beaucoup d'assassinats, d'histoires de migrants qui prennent la mer et meurent noyés, et on a vécu beaucoup de guerres", raconte Mohammad Abrash, un graffeur local, né à Tripoli et fier d'accueillir ses amis artistes chez lui. 

"Les habitants et leurs enfants vivent dans la misère et la violence. Donc c’est génial qu’ils puissent voir autre chose : quelque chose de beau !"

Mohammad Abrash

à franceinfo

Un projet qui fait du bien aux artistes, mais aussi aux habitants. "Je suis conquise !, lance Esra, mère de famille et habitante d'un des immeubles sur lequel une fresque est en cours de réalisation. Regardez par la fenêtre comme c'est joli. Les gens pensent qu'ici, c'est une zone de guerre, mais ils se passent aussi de belles choses ! C'est super leur projet, je leur souhaite bon courage", poursuit-elle avec enthousiasme. 

Comme Esra, d'autres habitants espèrent que de nouvelles initiatives artistiques verront le jour près de chez eux et donneront enfin une autre image des habitants de leur quartier, loin des clichés. 


Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.