Quand on pense à autre chose au travail
Selon une étude, 60% des salariés sont concernés chaque mois par cette forme de présentéisme contemplatif.
Être présent à son travail mais avoir la tête ailleurs. On appelle cela le "présentéisme contemplatif". Un phénomène qui toucherait régulièrement près de six salariés sur dix, selon une toute récente étude.
Il y a le présentéisme qui consiste à venir travailler quand on est malade. Un phénomène qui touche près d'un salarié sur deux. Quelque 28% des arrêts maladie prescrits en 2019 n’ont pas été respectés. Un chiffre en hausse de cinq points par rapport à 2018, et de neuf points par rapport à 2016. Il y a aussi le présentéisme stratégique. Le fait d'arriver tôt le matin et/ou de repartir tard le soir pour montrer, de façon totalement artificielle, qu'on est tellement impliqué dans son travail. Et enfin le présentéisme contemplatif : "C'est être présent là où on attend qu'on le soit, mais ailleurs dans ses pensées ou ailleurs dans ses actes", explique Elodie Brisset, psychologue du travail.
Presque 60% des salariés concernés
Une étude menée par Ourco, un service en ligne pour aider les salariés dans leur vie quotidienne au travail, à laquelle la psychologue a participé, vient de mesurer la portée de ce phénomène. Il est massif. Pour 28% des sondés, ce présentéisme contemplatif représente une journée ou plus par semaine. Et 31% d'entre eux ont la tête ailleurs au travail une à deux journées par mois. Soit presque 60% des salariés concernés chaque mois par ces absences. Des résultats qui ont surpris la psychologue : "On ne s'attendait pas à ces résultats, il y a un tabou. Il y a donc une ouverture dans ce sondage qui mérite d'être creusée".
Quelles sont les raisons de ces absences ? Des motifs très divers, certains graves, d'autres plus légers : "La perte de sens, la perte de motivation au travail, la fatigue qui éloignent de la présence effective au travail. Les préoccupations personnelles arrivent en troisième niveau, ça peut être un divorce, une séparation, les préoccupations liées aux enfants, les proches, les aidants familiaux, ou même des sujets plus légers, comme la préparation des vacances ou un déménagement". Ces questions qui détournent du travail, parfois lourdes, est-ce que les salariés en parlent ? La réponse est non pour un quart d'entre eux, notamment chez les plus jeunes, par peur de l'impact négatif sur leur carrière, par peur des réactions et des jugements. C'est donc surtout avec les proches qu'on parle de ces questions qui nous éloignent du travail.
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