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Emploi : les discriminations liées à l’origine sociale commencent dès l'examen du CV

C’est un critère de discrimination moins étudiés que d’autres, comme la couleur de peau ou l’âge : les origines sociales peuvent pourtant jouer sur le recrutement et la carrière.
Article rédigé par Philippe Duport
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
  (RICHARD VILLALON / MAXPPP)

C’est un aspect peu étudié de la discrimination, comme le confirme le sociologue, spécialiste des discriminations, Jean-François Amadieu. L’influence des origines sociales est très étudiée dans les pays anglo-saxons, mais pas chez nous.

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L’association A compétence égale, qui fait référence en matière de discrimination, s’est penchée sur le sujet, en partenariat avec le site d’emploi Monster. Il en résulte que les trois quarts des candidats, comme les trois quarts des recruteurs, pensent qu’il y a une forme de déni de la réalité sur la discrimination liée à l’origine sociale – le niveau d’éducation des parents et leur milieu professionnel, notamment  – dans le monde du travail. Et plus de la moitié des candidats comme des recruteurs pensent qu’une personne ayant une origine sociale moins favorisée évoluera moins vite dans sa carrière.

Les codes sociaux scrutés


Selon cette étude, il y aurait ainsi un moment-clé où l’origine sociale aurait un impact sur le recrutement et la carrière : l’examen du CV. Il fait apparaître, en effet, les lieux où ont été effectuées les études et ceux où le candidat a été en stage ou a connu ses premières expériences professionnelles. Candidats et salariés estiment que ces informations sont celles qui ont le plus d’impact sur la suite des événements, parce qu’elles donnent des indications sur l’origine sociale du candidat.

Selon les candidats et les recruteurs interrogés, trois facteurs en lien avec l’origine sociale sont particulièrement discriminants. Il s’agit d’abord des codes sociaux : le langage, les comportements, les vêtements, le respect des règles de politesse. Pour un tiers des candidats et un quart des recruteurs, il s’agit là des points qui font le plus de différence. Viennent ensuite le nom et l’école que l’on a fréquentée. Il y a aussi le réseau professionnel qui entre en ligne de compte.

Pour le sociologue Jean-François Amadieu, c’est le point majeur sur lequel repose les discriminations liées à l’origine sociale. Stéphanie Lecerf, la présidente d’A compétence égale, lui donne raison. Elle souligne le lien qui existe entre origine sociale et réseau. Un réseau qui conditionne l’accès à certaines écoles et qui joue un rôle de facilitateur dans l’accès à des stages ou à des emplois.

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