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Plus d'un jeune sur trois dit avoir été victime de discrimination dans sa recherche d'emploi, selon un rapport de la Défenseure des droits

Plus de six sondés sur dix estiment avoir été discriminés sur leur origine, leur couleur, leur nationalité, leur apparence physique, leur genre ou même leur orientation sexuelle.

Article rédigé par franceinfo
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Un jeune homme passe devant un panneau de Pole Emploi, le 8 mars 2017 à Dunkerque (Nord). Photo d'illustration. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

Plus d'un jeune,  âgé de 18 à 34 ans, sur trois (37%) déclare "avoir vécu une situation de discrimination ou de harcèlement discriminatoire dans le cadre de sa recherche d'emploi" selon le 14e baromètre sur la perception des discriminations dans l'emploi, publié mardi 7 décembre par la Défenseure des droits.

Concernant le domaine de la recherche d'emploi ou la carrière professionnelle, près d'un jeune sur cinq affirme avoir été confronté à plusieurs reprises à des discriminations. Selon l'étude, ces discriminations procèdent d'un processus complexe autour des préjugés, des stéréotypes. Cela peut aussi impliquer des rapports de dominations. Ces jeunes estiment que d'un point de vue général les discriminations constituent "un phénomène massif dans la société française."

Discriminés en raison des origines, du physique ou de l'orientation sexuelle

Certains critères sont davantage mis en avant par les personnes interrogées. Ainsi, 68% des sondés estiment avoir été discriminés sur leur origine, leur couleur ou leur nationalité, 63% en raison de leur apparence physique et 61% en raison de leur genre. Par ailleurs, 60% des personnes interrogées disent avoir subi des discriminations en raison de leur orientation sexuelle, 54% à cause de leur handicap ou encore 57% en raison de leur religion.

Les 18 à 34 ans semblent "particulièrement exposés" à ces discriminations, qui peuvent parfois être doublées de "pressions illicites" de la part de l'employeur. Ainsi, 46% d'entre eux estiment avoir subi ces pressions en échange d'un poste ou d'une promotion. Leur employeur a pu leur demander, par exemple, de changer leur apparence ou d'adopter un certain comportement. Selon ce baromètre, "les discriminations au travail s’inscrivent dans un continuum d’attitudes hostiles, allant de propos et comportements stigmatisants à tout un éventail de situations de dévalorisation, qui peuvent in fine être constitutives d’un harcèlement discriminatoire".

Quatre jeunes sur dix n'osent rien dire

La Défenseure des droits pointe un recours trop faible des jeunes victimes de discriminations dans le cadre professionnel. Elles sont 58% à avoir alerté leur encadrement. A contrario, 4 jeunes sur 10 ont gardé le silence. Parmi les victimes de discriminations, 51% des femmes déclarent n'avoir entrepris aucune démarche, contre 33% pour les hommes. Par ailleurs, 20% des jeunes de 18 à 34 ans qui affirment avoir vécu des discriminations dans le monde du travail, ont décidé de démissionner ou de négocier une rupture conventionnelle et 15% ont été licenciés ou ont vu leur contrat non renouvelé à la suite des faits, selon ce baromètre.

Dans ses conclusions, la Défenseure des droits dénonce "l'insuffisante mobilisation des pouvoirs publics" sur la question des discriminations. Pour mieux prévenir et sanctionner les fautifs, elle appelle à la création d'un "Observatoire des discriminations" et réclame des sanctions dissuasives par la justice et des mesures spécifiques luttant contre les discriminations touchant les jeunes.

*Cette enquête a été menée avec l’Organisation internationale du travail (OIT) auprès d’un échantillon représentatif de la population de jeunes actifs de 18 à 34 ans (3 201 personnes). L’enquête a été conduite en ligne, par l’institut Ipsos, du 7 au 26 juillet 2021.

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