C'est mon boulot. Eleveur bovin depuis trente ans : tout a changé, sauf les prix
Toute l'année, nous allons à la rencontre de ceux qui font le même métier depuis trente ans. Comment vivent-ils ? Comment ont-ils vécu les évolutions de leur profession ? Aujourd'hui, un éleveur bovin.
"C'est mon boulot" s'intéresse à ceux qui exercent le même métier depuis 30 ans. Vendredi 6 octobre, le métier d'éleveur bovin. Dans le Gers, à Louslitges. Jean-Claude Chatillon vient tout juste de prendre sa retraite. Il a même quarante ans d'élevage au compteur. Il est aussi à la Confédération paysanne. Ce qui le frappe, c'est la disparition des relations avec les voisins : "Il n'y en a plus. Avant, avec un tissu rural important, il y avait les tue-cochons, les repas des vendanges... On était obligés de tous s'appuyer les uns sur les autres parce qu'il n'y avait pas de machinisme agricole tel que maintenant. Par exemple, pour faire les foins, pour faire la paille, il fallait bouger des bottes, c'était des corvées, mais c'était convivial. Ça, on ne connait plus aujourd'hui".
Ils étaient 25 dans le village, ils ne sont plus que trois. Mais ce qui accélère cet isolement, c'est la mécanisation : "On n'imagine même pas. Les agriculteurs ont pris le pli de cette mécanisation de façon effrénée, et actuellement ça continue encore, la course au matériel. Quand on fait la somme de ce que ça représente, c'est colossal. Il y a des tracteurs à plus de 100 000 euros, ça commence à devenir délirant". Et toutes ces machines, ça permet aussi d'aller plus vite : "Avant on faisait deux hectares par jour, maintenant on n'hésite pas à en faire entre cinq et dix".
Une paperasse chronophage
Plus de mécanisation, et plus de travail administratif aussi : la paperasse est le cauchemar de Jean-Claude Chatillon : "'C'est une calamité, on n'arrive plus à gérer les contraintes administratives. J'ai un jeune qui a repris l'exploitation et qui avait un diplôme administratif, je lui ai dit : c'est formidable, tu vas pouvoir faire des papiers !"
Il y a des choses qui ne changent pas. Notre éleveur le regrette : "Les prix n'ont pas changé depuis trente ans. J'ai acheté des génisses en 1985. Je les vendais au même prix quand je me suis arrêté il y a un an."
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