C'est mon affaire. Euthanasie : peut-on aider quelqu'un à mourir ?
"Tout s'est bien passé", le film de François Ozon sur l'euthanasie est sorti cette semaine. L'occasion de faire le point sur le régime juridique de la fin de vie en France.
Jean-Luc Romero-Michel est président de l'ADMD, l'association pour le droit à mourir dans la dignité. Dans le film de François Ozon, Tout s'est bien passé, tiré d'un roman d'Emmanuèle Bernheim, les filles de l'industriel André Bernheim, qui choisit la mort volontaire, et qui veut partir en Suisse pour cela, ses filles sont inquiétées par la police et menacées de lourdes peines.
franceinfo : Est-il autorisé ou non en France d'accompagner un proche qui choisit de subir une euthanasie dans un pays qui le permet ?
Jean-Luc Romero-Michel : Il est vrai que si l'on regarde le code pénal ou que l'on tombe sur des policiers ou un procureur qui ont connaissance de l'accompagnement d'un suicide assisté, ils peuvent toujours trouver quelque chose : la provocation à suicide, la non-assistance à personne en danger. Mais dans la réalité c'est rarissime, puisque l'on est sûr de la volonté de la personne et c'est ça qui est important. A partir du moment où on a cette volonté, il est impossible de dire que c'est de la non-assistance à personne en danger ou de la provocation au suicide.
Comment cette volonté doit-elle s'exprimer ?
Il faut faire ce qui existe en France, c'est-à-dire les directives anticipées. C'est écrire quand vous avez toute votre tête, parce qu'il y aura peut-être un moment où vous n'aurez plus cette capacité. On peut aussi filmer. On peut aussi avoir des témoins qui vont écrire pour vous. Choisir une personne de confiance qui sait exactement ce que vous voulez et qui pourra, le moment venu exprimer au médecin quels étaient vos souhaits.
Si je commande sur Internet des produits destinés à donner la mort à un proche qui le souhaite, est-ce que c'est pénalement répréhensible ?
Oui, si vous commandez un produit et que vous le donnez, et que ça se sait, bien sûr. L'absurdité dans notre pays, c'est que le suicide est dépénalisé. Depuis la Révolution, on a le droit de ce suicider, mais dans le même temps, on ne nous donne comme possibilité que les suicide violents.
Acheter un produit c'est interdit. Il y a quelques mois, des personnes souvent très âgés avaient commandé un produit sur un site au Mexique, elles ont eu la surprise de voir arriver très tôt le matin des policiers qui venaient chercher les flacons. L'affaire est en cours et il y aura certainement un jugement. La justice peut tout à fait condamner ces personnes.
Est-ce qu'on peut aider quelqu'un à prendre des produits ?
Il y a eu une affaire comme cela. Jean Mercier était un homme qui avait ouvert des boîtes de cachets pour son épouse qui ne pouvait pas le faire. Elle avait avalé toute seule ces produits. Il a été poursuivi, ça a été jusque devant la Cour de cassation. Il n'a pas été condamné, mais il a passé les dernières années de sa vie devant les tribunaux.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.