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Japon : pour sauver son agriculture, le pays tente de recruter des exploitants néophytes assistés à distance

Le Japon, comme la France, a de plus en plus de mal à trouver des travailleurs pour ses exploitations agricoles. Pour essayer d'enrayer cette hémorragie, le pays cherche à convaincre des retraités sans expérience de se lancer dans cette activité, avec une aide technologique et une assistance 24 h sur 24 h.
Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Pour pallier au manque d'agriculteurs, le Japon en appelle à des gens qui auraient fait carrière dans des métiers totalement différent, mais seraient aidés 24h/24h. (photo d'illustration) (Kyodo/MAXPPP)

Le Japon est très inquiet pour l’avenir de son agriculture. Comme dans la plupart des pays développés, les exploitations ont de plus en plus de mal à recruter des employés et, chaque année, de nombreuses fermes sont obligées de fermer. Le travail est difficile, assez mal payé et les jeunes préfèrent s’orienter vers des industries moins difficiles. Aujourd’hui, moins de deux millions de personnes travaillent encore dans l’agriculture au Japon. En 2000, ils étaient quatre millions, le double.

Désormais, 65 % de ces agriculteurs ont plus de 65 ans. Alors pour essayer de sauver ses fermes, le pays tente de convaincre des retraités de se lancer dans l’agriculture. Il en appelle à des gens qui ont fait carrière dans des métiers totalement différents, mais qui auraient envie de rester actifs quelques années encore ou qui auraient besoin de conserver une source de revenus.

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Une hot-line d'agronomes

Pour que de tels débutants puissent soudainement gérer une exploitation, les entreprises expliquent qu’elles peuvent maintenant opérer dans des fermes ultramodernes, où l’apprenti agriculteur est assisté par des experts qui contrôlent l’exploitation à distance.

Par exemple, en banlieue de Tokyo, le groupe NTT a conçu une grande serre où un retraité fait pousser des tomates cerises. Ce n’est pas une serre ordinaire. Des caméras 4K sont disposées partout au plafond, ainsi que des capteurs qui mesurent l’humidité, la température ou encore l’évolution des sols. Il y a même un petit robot qui se déplace dans la serre pour aller vérifier l’état des tomates cachées sous les feuilles. L’agriculteur porte lui-même des lunettes connectées avec des caméras. 

Dès qu’il a une question sur sa récolte, il se connecte, avec de la 5G, à un centre d’aide situé ailleurs au Japon. Les agronomes du centre se branchent alors sur son exploitation, ils vérifient toutes ses données, les images des caméras, ils lui demandent aussi de se déplacer devant les plants pour voir la taille et la couleur des tomates. Ils font leur diagnostic et lui expliquent les éventuels traitements. Au total, cela dure cinq minutes et ils peuvent ensuite se connecter à une autre ferme.

Un investissement lourd au départ

NTT dit que le résultat est très encourageant. Les rendements sont très bons et la qualité des tomates est exceptionnelle. Mais ces fermes high-tech avec des apprentis ne peuvent pas encore exister à grande échelle. Le problème est leur coût. L’investissement pour la serre des tomates-cerises approche les 250 000 euros. Il faut ensuite payer une connexion à la 5G pour transmettre toutes ces données, il faut encore compter 25 000 euros par an. L'opération rend donc très chère la tomate cerise.

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Mais les entreprises veulent croire que les prix des technologies vont un jour baisser et que leur installation sera alors rentable sur les grandes exploitations n’ayant plus assez d’agriculteurs professionnels.

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