Fusillades aux Etats-Unis : en Utah, un shérif propose des formations au maniement des armes au personnel des écoles
Face aux drames causés par les armes à feu, les autorités locales organisent de plus en plus des formations adaptée aux enseignants, en y mettant les moyens.
Fin mai 2022, la tuerie d’Uvade au Texas - 21 morts dont 19 enfants - a plongé les Etats-Unis dans le deuil, sans pour autant surprendre tant la question des fusillades et des tueries de masse sont tristement courante dans le pays. Aussi, des écoles organisent des exercices pour préparer les enfants à l’éventualité d’une attaque. Une autre réponse consiste à laisser le personnel des écoles avoir une arme au travail. C’est le cas dans une quinzaine d’Etats américains, dont l’Utah, où le bureau du shérif a mis en place une formation adaptée.
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Durant cette vingtaine d'heures étalées sur six semaines, mises en place depuis 2019, il s'agit par exemple d'apprendre les premiers secours pour un enfant victime de coups de feu, ou comment tenter de dissuader un agresseur armé. Et puis, bien sûr, tirer sur des cibles, ou encore assurer des cours de self-défense pour désarmer l’assaillant et le neutraliser.
Pour parfaire ces exercices, il est prévu des sessions avec le VirTra V-300. C’est un grand simulateur, déjà utilisé pour former les forces de l’ordre. Face à cinq très grands écrans sur 300 degrés qui diffusent différents scénarios immersifs, comme une séquence où le tireur se trouve dans la bibliothèque de l’école, cela permet d'apprendre à réagir vite et bien, le plus possible dans les conditions du réel.
"L’espoir est une très mauvaise stratégie"
L’un des arguments du shérif Mike Smith en charge de cette formation, c’est qu’en Utah, le personnel a le droit d’avoir une arme dans l’école. Alors autant apprendre à s’en servir. Un fait-divers avait pourtant fait parler : il y a 8 ans, une institutrice s’était tirée dans la jambe par accident dans les toilettes d’une école primaire. Elle a dû démissionner de l’établissement dans la foulée.
Puisqu’en Amérique, des fusillades dans les écoles éclatent régulièrement, le shérif a un autre argument très pragmatique en faveur de sa formation : "Tout le monde espère que rien n’arrivera mais l’espoir est une très mauvaise stratégie, dit-il. Les enseignants ont le droit de ne pas être des victimes et ils ont le droit de protéger nos enfants", assure encore le shérif Smith.
Toutefois, cette formation non-obligatoire n'est aujourd'hui dispensée qu'à un pourcentage très mince du personnel enseignant, mais suffisamment, en tout cas, pour que la formation ait une liste d’attente.
Si, en 2019, 95% des 3 000 enseignants interrogés par une université de Los Angeles à travers le pays avaient déclaré ne pas vouloir d’une arme en salle de classe, au mois de juin 2022, dans le Los Angeles Times, un instituteur à la retraite, a réagi dans une tribune à une loi de l’Ohio qui vise à armer les enseignants. Et lui ne se pose même la question de faire face ou pas à un tireur dans une école : la présence d’une arme est le vrai danger. Que va faire un instituteur armé dans une situation de tension, si un élève le menace ou si lui-même se dispute avec un collègue par exemple ? Ou s’il ne se rend pas compte qu’un adolescent armé a en fait juste voulu faire le malin devant les copains en apportant un jouet à l’école ? "S’il faut nous armer, écrit cet instituteur, donnez-nous plutôt les moyens de soutenir les enfants souffrant de problèmes mentaux ou de de comportement."
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