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Au Japon, des camions de livraison fonctionnent avec des restes de soupe de ramen

A l'heure de la transition énergétique, le japon fait désormais rouler des camions et un petit train à l'aide des restes de soupe de ramen, récoltés dans des centaines de restaurants du pays.
Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des soupes de ramen, un plat traditionnel japonais (TAKETO OISHI / YOMIURI)

Vous connaissez peut-être le ramen ? C’est un plat très populaire et bon marché au Japon. Vous en mangez dans toutes les villes et les villages. Il faut compter six ou sept euros pour un grand bol. Chaque région du pays a, bien sûr, sa spécialité mais la base de la recette est toujours la même. C’est essentiellement un plat de nouilles dans un bouillon chaud, un peu épais. C’est souvent servi avec une tranche de rôti de porc. C’est très copieux et les clients n’arrivent pas toujours à finir leur gros bol. Un point qui a interpellé le patron d’une petite entreprise de transport de la région de Fukuoka. 

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Ce patron s’appelle Masumi Nishida et cela fait des années qu’il réfléchit à de nouveaux biocarburants pour faire tourner la flotte de camions de sa petite PME. Il s’est dit que la soupe de ramen, qui est souvent très grasse du fait de sa préparation avec des gros morceaux de porc, pourrait être utilisée comme carburant.

Comment passe-t-on d’un bol de soupe à du carburant ?

Masumi Nishida a fait installer des grands collecteurs en aluminium dans les restaurants de la région. Ils sont équipés d’un petit filtre. Les serveurs y jettent, après chaque repas, les restes des bols de soupe. On ne garde que la partie liquide. La PME récupère ensuite tous ces collecteurs pour les transférer dans des citernes sur le site de l’entreprise. C’est là que la soupe est traitée. 

Elle est d’abord mélangée à de l’eau bouillante pour faire fondre toutes les restes un peu fermes, Surtout les petits morceaux de gras de viande. Ils récupèrent ainsi une sorte de saindoux. Ensuite, ce gras est mélangé à d’autres huiles récupérées dans les restaurants, notamment les huiles végétales de friture des tempuras, ces beignets de légumes et de crevettes japonais. Pour éliminer toutes les impuretés et obtenir un vrai carburant, il faut encore ajouter quelques produits chimiques. Et c’est prêt. Ce produit s'utilise avec les camions. Soit mélangé à du diesel, soit seul en cas de moteur un peu adapté.

Depuis le mois de novembre, un petit train touristique de la région utilise aussi ce biocarburant de la société Nishida et les propriétaires sont ravis. Il s'agit d'un train sans toit qui traverse une très belle vallée et les exploitants expliquent que ce biocarburant a permis de supprimer la fumée épaisse qui sortait jusqu’ici de leurs moteurs diesel. Les touristes assurent même que l’essence a maintenant des petits parfums de rôti de porc grillé. C’est le train qui donne faim !

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