Mémoire recomposée
Asaf Hanuka, vit à Tel Aviv. Il y a dix ans, il a choisi dans ses BD de parler régulièrement de lui et de sa famille, pour mieux brosser le portrait de la société israélienne. Ce qui tenait jusqu’à présent de la chronique du quotidien de la classe moyenne israélienne libérale de gauche, entre avec Le Juif arabe dans une nouvelle dimension.
Une grande histoire de famille
L’auteur est toujours là, avec son air sérieux et ses lunettes cerclées, mais le récit se déploie sur deux périodes. Dans les pages de gauche, on le voit revenir chez ses parents, après ses études de BD en France. Il veut résoudre un secret de famille : que s’est-il vraiment passé lorsque son grand-père Abraham a été assassiné ? Ces pages-là sont en noir et blanc. En face, sur les pages de droite, le lecteur revit, en couleurs, ce qui a pu, ce qui a dû se passer, pour aboutir au meurtre du grand-père, en 1936, à Tibériade.
"Tout le monde me dit que je vis dans un pays où il y a toujours eu la guerre, et où il y aura toujours la guerre. Je veux savoir pourquoi, et comment ça a vraiment commencé. Alors, j’essaie de comprendre la grande histoire avec les petites anecdotes personnelles."
Le dessinateur Asaf Hanukaà franceinfo
Ainsi, hier annonce aujourd’hui, et aujourd’hui est déjà inscrit dans le récit du temps jadis. Le protagoniste de cette histoire est un enfant, un jeune orphelin arabe que le grand-père juif prend sous sa coupe. C’est lui, le juif arabe du titre, que l’on voit posant pour une photo sur les genoux d’Abraham.
"Il représente ce moment dans l’histoire, où l’identité juive-arabe était quelque chose qui était complète. Il est arabe et pourrait passer pour le fils d’Abraham. Jusqu’au moment où on lui intime de choisir son nationalisme."
Le dessinateur Asaf Hanukaà franceinfo
Les zones d’ombre de l’histoire familiale d’Asaf Hanuka deviennent le théâtre d’ombres de tout un pays. Son dessin clinique et son découpage extrêmement précis, disent aussi sa volonté de décrire au mieux ces mémoires fragmentées.
Le Juif arabe est publié aux éditions Steinkis.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.