Cet article date de plus d'un an.

"Tueur hors série" de Marc Jolivet

C’est un premier roman noir étonnant que nous propose l'humoriste, chanteur, acteur, Marc Jolivet, également romancier, mais pas encore auteur de polar.
Article rédigé par Gilbert Chevalier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Assassinat de Cécile Bloch, 11 ans, dans le sous-sol de son immeuble à Paris, le 5 mai 1986. Portrait robot du tueur du 19e arrondissement, diffusé le 14 mai 1986 par la police. Queques décennies après ses crimes, l'ADN du tueur allait le confondre. François Vérove s'est suicidé, en septembre 2021. (MAXPPP / PQR  / LE PARISIEN)

Tueur hors série, ce premier roman noir de Marc Jolivet nous entraîne dans les pas d'un tueur pris de pulsions irrépressibles, tourmenté par un visage grêlé. Et Marc Jolivet s'est inspiré très librement d'un fait divers qui a défrayé la chronique. François Vérove, dit le "tueur au visage grêlé", qui avait fait et refait sa vie avec femme et enfants, et qui s'est finalement s'est suicidé, quand quelques décennies après ses crimes, son ADN allait le confondre.

Alors, les enquêteurs se sont cassé les dents sur cette affaire pendant plus de 30 ans. Il faut dire que ce François Vérove va inspirer confiance, connaissait bien les méthodes des policiers, puisque lui-même était gendarme d'abord, puis policier. Ensuite, apaisé par une nouvelle vie, il était devenu un homme apprécié de son entourage. Il était même devenu une sorte de notable dans sa région.

Une affaire racontée du point de vue du tueur

Et dans le roman, François Vérove s'appelle Paul Balder. Le lecteur entre dans la tête d'un tueur en série redoutable, qui se qualifie lui-même de "tueur hors série". On vit avec lui ses premières années, son enfance, sa jeunesse. Il se trouve laid et con – ce sont ses mots – incroyablement complexé physiquement, sans relation amoureuse. On vit ses premiers crimes, sa lutte pour tenter de résister à ses pulsions, ses justifications absurdes, après coup, jusqu'à l'apaisement, quand il arrive à fonder une famille. Dans la véritable affaire, Le Grêlé n'a d'ailleurs pas répété ses crimes de jeunesse, une fois installé avec femme et enfants.

Alors, ce récit se déroule sur plus de 30 ans, durant lesquels les policiers ne sont pas passés loin du tueur. Mais à l'époque, il n'y avait pas de recherches ADN. Le plus étonnant dans ce roman, c'est la tonalité générale. Comédie policière, pourtant, avec des péripéties qui n'ont, a priori, rien de risible. Mais l'écriture et le regard décalé de Marc Jolivet sur cette affaire, aboutissent à un humour noir, percutant, caustique, un humour digne des frères Coen. Marc Jolivet ose tout, ou presque. Et ça donne une comédie policière très réussie.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.