TotalEnergies et la crise climatique, ISF vert, sobriété... Ce qu'il faut retenir de l'interview d'Agnès Pannier-Runacher
La ministre de la Transition énergétique était l'invitée du "8h30 franceinfo", lundi 26 mai 2023.
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, était l'invitée du "8h30 franceinfo", lundi 26 mai 2023. TotalEnergies, ISF vert, sobriété et EDF... Elle répond aux questions de Lorrain Sénéchal et Neïla Latrous.
Énergies renouvelables : TotalEnergies "peut aller plus vite, plus fort, plus rapidement, il doit mettre le paquet"
TotalEnergies "peut aller plus vite, plus fort, plus rapidement, il doit mettre le paquet sur les énergies renouvelables", déclare Agnès Pannier-Runacher, alors que le groupe tient son Assemblée générale vendredi 26 mai à Paris. "C’est une question absolument essentielle pour la planète et une question de survie de l’entreprise", ajoute-t-elle.
Une petite centaine de défenseurs du climat manifestent ce vendredi devant la Salle Pleyel à Paris où se déroule l'Assemblée générale du groupe TotalEnergies. "On peut mettre la pression sur Total, mais je ne suis pas sûre que le débat dans la rue apporte grand-chose." Par contre, ces actions posent "une très bonne question" sur les énergies renouvelables. Ces entreprises qui travaillent dans le secteur du pétrole ou du gaz "doivent se réinventer", en sortant des énergies fossiles, conformément aux recommandations du Giec. Ces entreprises, comme TotalEnergies, "n’auront aucun avenir, si elles ne sont pas capables de tracer ces trajectoires de sortie des énergies fossiles et de décarbonation". Elle assure en avoir parlé à Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies.
ISF écologique : "Je préfère une France championne des emplois plutôt qu’une France championne des impôts"
"Je préfère une France qui soit championne des emplois, plutôt qu’une France qui soit championne des impôts", assure Agnès Pannier-Runacher en réaction à la proposition de l’économiste Jean Pisani-Ferry qui préconise la création d’un nouvel impôt pour les plus riches afin de financer la transition écologique. "Nous sommes le pays qui taxons le plus fort, quasiment au monde, les hauts revenus", ajoute Agnès Pannier-Runacher. "Avant de se précipiter, parce que c’est l’effet facile, je préfère que la France réoriente massivement ses soutiens fiscaux vers la décarbonation."
Dans son rapport, Jean Pisani-Ferry estime que la transition énergétique va coûter 66 milliards d'euros supplémentaires par an. "Derrière cette transition, il y a des opportunités économiques. La relance du nucléaire, c'est 100 000 recrutements que nous allons réaliser dans les dix années qui viennent. Il y a des efforts que nous allons devoir faire, mais ils sont dans le court terme. Mais il y aussi toutes les opportunités de création d'emplois, de réindustrialisation de notre pays que nous devons mettre en perspective."
Sobriété : "Il faut aller plus loin"
"Il faut aller plus loin, passer d’une sobriété qu’on construit dans le court terme à une sobriété qui s’ancre dans le long terme", juge Agnès Pannier-Runacher qui a lancé mardi 23 mai sept groupes de travail réunissant élus, experts, et fédérations professionnelles, pour plancher sur la future stratégie énergétique de la France que présentera le gouvernement à l'automne. "On a fait en trois mois ce qu'on n'avait pas fait en 30 ans. On a commencé par le plus immédiat, avec la baisse des températures et la diminution de l'éclairage."
Depuis le début de l'année, la baisse de la consommation énergétique "continue par rapport à ces dernières années." "Je vais lancer un temps 2 du plan sobriété qui fait partie des 4 leviers de notre stratégie énergétique pour atteindre la neutralité carbone. Nous aurons un rendez-vous à l’hiver prochain pour aller plus loin que ce que nous avons fait" notamment sur "le numérique et le carburant", car "il faut qu'on accélère" pour avoir moins de monde sur les routes, déclare la ministre de la Transition énergétique.
"EDF doit être notre bras armé énergétique"
"Une entreprise qui est la propriété de l'État à 100% et qui est son bras armé stratégique, à la fin, c'est l'État qui paie", déclare Agnès Pannier-Runacher, alors que le gouvernement est en train de travailler pour "adapter" le système énergétique de la France "au réchauffement climatique. Il y a les centrales nucléaires, le réseau, l'éolien marin", énumère Agnès Pannier-Runacher.
L'État contrôlera le 8 juin 100% d'EDF à l'issue de la renationalisation de l'énergéticien, a annoncé ce mardi 23 mai le ministre de l'Économie. "Être actionnaire principal" cela permet de "donner le sens de la stratégie et d'avoir une stratégie à long terme. C'est l'État stratège à la tête d'un EDF qui doit être notre bras armé énergétique." La France a intérêt "à développer le plus rapidement possible des capacités de production qui soient compétitives" pour éviter que le prix de l'électricité soit trop élevé.
Pour éviter les pénuries en pétrole et en gaz l'hiver prochain, Agnès Pannier-Runacher "depuis janvier, se prépare avec les énergéticiens français à passer l'hiver prochain. Il faut renforcer notre résilience par rapport à la consommation d'énergies fossiles." Cela veut dire "remplir les stocks de gaz et continuer à travailler sur la sobriété." Pour éviter tout problème, "il ne faut pas baisser la garde." De son côté, EDF a indiqué "être en meilleure posture en termes de production électrique nucléaire l'hiver prochain. Nos stockages de gaz sont plus élevés que l'hiver dernier. Ce sont des signaux positifs."
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Retrouvez l'intégralité du "8h30 franceinfo" du vendredi 26 mai 2023 :
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