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Réforme des retraites, indemnité carburant, inscription de l'IVG dans la Constitution... Ce qu'il faut retenir de l'interview d'Olivier Véran

Le ministre délégué chargé du Renouveau démocratique et porte-parole du gouvernement était l'invité du "8h30 franceinfo", vendredi 3 février 2023.
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Olivier Véran, ministre délégué chargé du Renouveau démocratique et porte-parole du gouvernement, sur franceinfo, vendredi 3 février 2023. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Olivier Véran, ministre délégué chargé du Renouveau démocratique et porte-parole du gouvernement, était l'invité du "8h30 franceinfo", vendredi 3 février 2023. Il répondait aux questions de Lorrain Sénéchal et Neila Latrous.

Retraites : Olivier Véran dénonce "l'obstruction bête et méchante" de la gauche

"C'est de l'obstruction bête et méchante qui vise à empêcher de parler et de débattre" sur la réforme des retraites, dénonce le porte-parole du gouvernement, pointant du doigt les près de 17 800 amendements déposés par la Nupes en vue de l'examen du texte dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale à partir de la semaine prochaine. Au total, 20 000 amendements ont été déposés, tous groupes parlementaires confondus, ce qui représente, selon Olivier Véran, près de "30 000 pages A4". "Si vous passiez votre temps à les lire, sans manger ni boire, il vous faudrait 30 fois 24 heures", estime-t-il.

Le porte-parole de l'exécutif juge donc impossible "d'examiner" l'ensemble des amendements et il soutient que la gauche le sait. Olivier Véran accuse les députés de la Nupes d'être "dans une stratégie qui vise à empêcher les parlementaires de travailler et d'améliorer ce texte". "Il n'est jamais trop tard pour retirer des amendements redondants", lance-t-il donc en direction des oppositions. Le porte-parole du gouvernement souhaite que des discussions soient menées "avec des députés de gauche plus modérés que la gauche Nupes, mais aujourd'hui ils sont vraiment noyés dans la masse Nupes qui nous empêche d'obtenir des avancées à la gauche de l'hémicycle", déplore-t-il.

"On va réduire les inégalités à la retraite entre les femmes et les hommes"

Avec sa future réforme des retraites, le gouvernement "va réduire les inégalités à la retraite entre les femmes et les hommes", promet Olivier Véran, répondant ainsi aux nombreuses critiques émanant des oppositions. Le porte-parole de l'exécutif soutient ainsi que le texte prévoit "une meilleure prise en compte du congé parental", il maintiendra également "la prise en compte total des trimestres de maternité". À tel point que selon les estimations d'Olivier Véran, "à l'issue de la réforme, les femmes partiront à la retraite en moyenne deux mois avant les hommes". "Les femmes qui ont eu des carrières hachées, des carrières longues, les femmes qui ont dû arrêter de travailler pendant un moment plus long que le congé maternité, les femmes qui ont décidé de prendre un congé parental seront gagnantes avec la réforme", affirme Olivier Véran.

Il assure par ailleurs que "les mécanismes les plus protecteurs que [la majorité présidentielle] introduit dans cette loi vont bénéficier en priorité aux femmes". Le porte-parole du gouvernement explique que "le niveau moyen de pension des femmes augmentera davantage que le niveau moyen de pension des hommes". Enfin, selon Olivier Véran, "60% des bénéficiaires de l'augmentation de la pension minimum seront des femmes".

Véran juge "cohérent qu'un conducteur parisien travaille le même nombre d'années qu'un conducteur lyonnais ou marseillais"

"Il est très cohérent de demander à ce qu'un conducteur parisien travaille le même nombre d'années qu'un conducteur lyonnais, bordelais ou marseillais", juge Olivier Véran, alors que la future réforme des retraites voulue par l'exécutif prévoit notamment la fin du régime spécial de la RATP. Le porte-parole du gouvernement estime que "les écarts en années ne s'expliquent plus et ne se justifient plus". Olivier Véran ne considère pas qu'en supprimant ce régime spécial, cela renforce les difficultés de recrutement que rencontre la société de transports franciliens. "Je ne crois pas que la difficulté soit de se projeter dans un ou deux ans de plus dans une carrière", ajoute-t-il.

D'autres régimes spéciaux en revanche ne sont pas supprimés dans le texte gouvernemental, notamment celui des sénateurs. Olivier Véran soutient que cela est dû à "la séparation des pouvoirs", mais il se montre tout de même favorable à un changement. Il salue d'ailleurs le choix fait par les députés "qui ont décidé qu'ils s'appliqueraient eux-mêmes la réforme". Le porte-parole du gouvernement juge "plus simple et plus raisonnable que les parlementaires décident, après l'adoption de la loi, de s'appliquer ce régime". "On doit être exemplaire en tout point, et on doit être logé exactement comme tout le monde", indique-t-il.

Indemnité carburant : "Deux Français sur trois" éligibles à l'aide "n'en ont pas fait la demande"

"Deux Français sur trois" éligibles à l'indemnité carburant de 100 euros "n'en ont pas fait la demande", déplore Olivier Véran. Cette indemnité, versée une fois, concerne les actifs les plus modestes, elle est venue se substituer dès le 16 janvier à la ristourne générale sur le litre de carburant. "Entre 10 et 11 millions de Français devraient en bénéficier", mais "un peu plus de 3 millions en ont fait la demande", assure le porte-parole du gouvernement. Alors qu'elle doit prendre fin le 28 février, Olivier Véran exhorte donc "les Français à faire cette demande pour protéger leur pouvoir d'achat". Il soutient que "cela ne prend qu'une minute" sur le site impôts.gouv.fr, et que "dans la semaine vous recevrez l'argent directement sur votre compte" bancaire. "Cela représente l'équivalent d'une ristourne de 10 centimes jusqu'à 12 000 kilomètres", estime-t-il.

Le Sénat favorable à l'inscription de l'IVG dans la Constitution : "une avancée très conséquente"

Le porte-parole du gouvernement qualifie "d'avancée très conséquente" le vote mercredi du Sénat en faveur de l'inscription dans la Constitution de la "liberté de la femme" à recourir à l'IVG. Cette formulation diffère de celle portée par l'Assemblée nationale, dont la rédaction fait plutôt référence "au droit" à l'avortement. Formulation que "préfère" d'ailleurs Olivier Véran. "Maintenant, il faut réunir les députés et les sénateurs pour qu'ils se mettent d'accord" en commission mixte paritaire, explique le porte-parole de l'exécutif. Il juge en tous les cas nécessaire l'inscription de l'IVG dans la Constitution française compte tenu du contexte international.

"On voit des démocraties, y compris des vieilles et fortes démocraties, tout d'un coup terrassées par un mouvement populiste dont l'une des premières mesures est de remettre en cause les droits des femmes", s'indigne Olivier Véran. Il estime d'ailleurs que "si demain l'extrême droite, par exemple, devait prendre le pouvoir dans notre pays, la loi n'est pas suffisamment protectrice pour les femmes". La majorité présidentielle souhaite donc ancrer l'IVG "dans le niveau constitutionnel pour qu'il soit impossible par la loi de rogner sur le droit des femmes", assure le porte-parole du gouvernement.

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Retrouvez l'intégralité du "8h30 franceinfo" du vendredi 3 février 2023 : 

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