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Le discours d’Emmanuel Macron à Davos : "C'est de la tartuferie", lance Yannick Jadot

L'eurodéputé écologiste, invité vendredi de franceinfo, reproche au chef de l'Etat "un discours de gauche, et en même temps, une politique de droite, libérale".  

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Yannick Jadot, député européen EELV. (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / RADIO FRANCE)

Yannick Jadot, invité vendredi 26 janvier de franceinfo, a vivement réagi au discours d'Emmanuel Macron à Davos (Suisse), mercredi, où le chef de l'Etat a a annoncé que "la France de retour" et réclamé un "nouveau contrat mondial". "C'est de la tartuferie", a lancé l'eurodéputé Europe-Ecologie-les-Verts (EELV), reprochant au président de la République, un décalage entre le discours et les actes. 

Discours d'Emmanuel Macron à Davos : "c'est de la tartuferie" estime Yannick Jadot, eurodéputé écologiste #8h30Politique
Discours d'Emmanuel Macron à Davos : "c'est de la tartuferie" estime Yannick Jadot, eurodéputé écologiste #8h30Politique Discours d'Emmanuel Macron à Davos : "c'est de la tartuferie" estime Yannick Jadot, eurodéputé écologiste #8h30Politique
Selon l'écologiste, le président de la République, a "réalisé qu’il faut lutter contre un monde très inégalitaire". Mais, pointe Yannick Jadot, "c'est un président qui a mis en place un paquet fiscal dont la moitié va profiter aux 5% des plus riches, celui qui a réduit l’ISF, la fiscalité des plus riches. C’est en même temps un discours de gauche, et une politique de droite, libérale." 

Quant aux voeux adressés par Emmanuel Macron au monde agricole, Yannick Jadot a dit "ne rien comprendre". "Il dit 'nous allons relever de 10% le seuil de vente à perte". Cela veut dire qu'ils ne vont pas interdire la vente à perte", assure l'eurodéputé. "Il n'y aura pas non plus, dit-il, de remise en cause d'un système agricole qui vit sous perfusion d'argent publique, sous perfusion de produits chimiques, où la moitié des paysans vit avec moins de 350 euros par mois", a-t-il déploré. "Ce système ne va pas changer ni pour favoriser le bio (...) ni pour favoriser une production et une alimentation de qualité", a conclu Yannick Jadot.

"Un moratoire sur les zones commerciales"

Interrogé sur la crue de la Seine et les inondations, Yannick Jadot a demandé au gouvernement d'agir sur l'aménagement du territoire, notamment avec un moratoire sur l'ouverture de nouvelles zones commerciales en périphérie des villes. Selon l'écologiste, leur effet est néfaste sur le commerce en centre-ville, mais aussi sur la diminution des terres agricoles qui servent à mieux absorber les crues des fleuves et rivières. "On est en train de faire crever tous nos centres-villes, tous nos commerçants au centre des villes, il faut arrêter de faire des grandes surfaces en périphérie", a déclaré Yannick Jadot. 

Le député européen a insisté sur zones inondables, trop souvent, dit-il, rendues constructibles ces dernières années, et auxquelles il faut renoncer. Estimant qu'avec le réchauffement climatique et ses hivers "plus doux, plus humides et beaucoup plus pluvieux", il faudrait s'habituer à ces épisodes de crues exceptionnelles, Yannick Jadot a déploré les aménagements de ces dernières années. "On s'interroge sur la façon dont on a urbanisé et aménagé notre pays. On a trop souvent voulu le faire sans regarder la nature", a-t-il poursuivi. 

"On a la mémoire de ces inondations" Yannick Jadot
"On a la mémoire de ces inondations" Yannick Jadot "On a la mémoire de ces inondations" Yannick Jadot

Selon l'eurodéputé, il y a également urgence à revenir à une agriculture plus biologique et raisonnée. "Vous avez 1 à 3 millimètres de capacité d'absorption, d'une terre devenue du béton, tellement elle a été travaillée dans des labours profonds, avec des pesticides, alors que sur une terre riche en matière organique, comme les terres dédiées à l'agriculture biologique, vous avez quasiment 300 mm de capacité d'absorption", a expliqué Yannick Jadot.

Le projet de Bure n'est pas au point"

Interrogé sur le projet de centre d'enfouissement de déchets nucléaires ultimes de Bure (Meuse) où des opposants se sont installés depuis juin 2015, Yannick Jadot a estimé, vendredi sur franceinfo, que ce projet n'était "pas au point". "L’idée, c’est d'enfouir définitivement des déchets nucléaires, sans qu’on puisse y avoir accès. Et on est juste au-dessus de la plus grande nappe phréatique d’Europe, qui alimente d’ailleurs toute la région parisienne, a-t-il souligné. S’il y a des fuites, s’il y a des incendies, nous devons pouvoir accéder à ces déchets".

Regardez l'intégralité de l'entretien de Yannick Jadot sur franceinfo le vendredi 26 janvier 2018.

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