: Vidéo "Sur la ligne". Des centaines de familles entassées sans eau ni électricité au cœur du plus grand bidonville de France, à Mayotte
Des enfants qui ramassent les ordures à la main, pieds nus ou en tongs sur un terrain impraticable, crevassé par les pluies et envahi par la boue. En janvier, en pleine saison des pluies, il fait 35 degrés, le taux d'humidité est de 90%. Cette scène se passe en France, dans le plus petit département du territoire : Mayotte.
Sur les hauteurs de sa capitale Mamoudzou, ville principale de l'île de Grande-Terre, des centaines d'abris de fortune grignotent la colline. Ces "bangas" en tôle ondulée bleue ou grise forment un dédale insalubre dont le seul luxe est, au sommet, la vue sur l'océan Indien. Près de 20 000 personnes, dont des familles avec des enfants en bas âge, s'entassent dans ce quartier de banlieue, Kawéni. Sans eau ni électricité.
La plupart sont des réfugiés comoriens sans papiers, qui ont pris le risque, pour fuir la misère, de traverser l'océan sur l'une de ces frêles barques de pêcheur appelées kwassa-kwassa. En fait de vie meilleure, ils ont trouvé des conditions de vie indignes dans le plus grand bidonville de France… Quant aux Mahorais, ce paysage suscite leur colère. Ici, au second tour des élections présidentielles, Marine Le Pen a remporté 59% des suffrages.
Des ruelles de terre battue envahies par les déchets
Ce matin-là, 300 volontaires sont venus participer à une opération spéciale de ramassage des déchets. La municipalité a fini par l'organiser après une averse diluvienne qui a charrié 150 tonnes de boue et de déchets dans les ruelles de terre battue.
Pour mettre un terme à l'immigration illégale, le maire Ambdilwahedou Soumaila, élu il y a trois ans, propose de supprimer le droit du sol. En réponse, le gouvernement a promis de durcir encore les conditions d'obtention de la nationalité française, déjà restreintes en 2018.
Les trois îles des Comores ont déclaré leur indépendance en 1975, mais les habitants de Mayotte ont choisi de rester français. Aujourd'hui, ce sont deux sœurs ennemies qui se font face de part et d'autre du mur maritime qui les sépare. De nombreux Mahorais rendent les Comoriens responsables des violences qui ont récemment fait la une de l'actualité. Le 2 février 2023, le magazine "Sur la ligne" explore les aspects méconnus de relations tendues depuis plus de quarante ans.
Extrait de "Mayotte-Comores : les sœurs ennemies", à voir dans "Sur la ligne", magazine d'information internationale diffusé le 2 février 2023 à 23 heures sur France 2.
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