Vidéo "Les arbres ont poussé dans le plastique" : dans la forêt près de Vittel, l'immense décharge sauvage de Nestlé menace de polluer les nappes phréatiques

Publié
Durée de la vidéo : 2 min
"Les arbres ont poussé dans le plastique" : dans la forêt près de Vittel, l'immense décharge de Nestlé
"Les arbres ont poussé dans le plastique" : dans la forêt près de Vittel, l'immense décharge de Nestlé "Les arbres ont poussé dans le plastique" : dans la forêt près de Vittel, l'immense décharge de Nestlé (ENVOYE SPECIAL / FRANCE 2)
Article rédigé par France 2
France Télévisions
L'or bleu avait fait la fortune de cette petite ville des Vosges. Aujourd'hui, alors que le groupe Nestlé, propriétaire de Vittel, Contrexéville et Hépar, est accusé d'épuiser la ressource, les nappes phréatiques seraient de surcroît menacées de pollution par des décharges sauvages…

Près de Vittel, la petite ville des Vosges célèbre partout dans le monde pour son eau minérale, en pleine forêt, "les arbres ont poussé dans le plastique". Bernard Schmitt et Jean-François Fleck, cofondateurs du collectif Eau 88, accompagnés de leur avocat, ont conduit les journalistes d'"Envoyé spécial" au pied de ce qui ressemble aujourd'hui à une colline boisée. Nous sommes sur les terres de Nestlé Waters, l'usine qui produit jusqu'à un milliard et demi par an de bouteilles d'eau de Vittel et Contrexéville.

La colline boisée recouvre en réalité un monceau de cadavres de bouteilles plastique jaunies, en morceaux ou éventrées. Les branches et les racines en sont entrelacées, le sol aussi est jonché des restes de ces anciens contenants "en PVC très friable", portant le "V" du sigle de Vittel, que l'on peut dater de "la fin des années 60", précise Bernard Schmitt. 

Des "échecs industriels" vidés par camions entiers dans une fosse

Les riverains ont fait la découverte de cette immense décharge sauvage en 2014. Une plainte a été déposée contre la multinationale pour atteinte à l'environnement et à la santé publique. En réponse, la compagnie Nestlé a rappelé qu'elle était à l'époque actionnaire minoritaire de la marque Vittel, avec 31% des parts (le groupe a pris le contrôle en 1991 de la société jusqu'alors familiale, de ses terres et de ses forages).

Au pied des arbres, d'épaisses plaques de plastique fondu : ce sont les échecs industriels de ces années-là, qui arrivaient par camions entiers. "Pendant peut-être une petite vingtaine d'années, explique Bernard Schmitt, les camions les vidaient dans la fosse, et on y mettait le feu – ce qui est catastrophique."

Cette seule décharge contient 42 000 m3 de plastique

En creusant à cet endroit, le collectif a mis au jour "une gigantesque fosse" d'une centaine de mètres de long, d'une quinzaine de mètres de hauteur, et d'une trentaine de mètres de largeur. Selon la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL), cette seule décharge contient 42 000 mètres cubes de plastique. Car il en existe trois autres dans le secteur... Nestlé a fini par reconnaître l'existence des quatre sites en 2017. Le groupe assure qu'une entreprise externe a été mandatée pour les dépolluer… mais n'a indiqué aucune date.

Tout ce plastique menace pourtant la nappe phréatique, car l'eau de pluie, en s'infiltrant, "emmène avec elle les particules de plastique et autres polluants potentiellement présents", alerte Jean-François Fleck. Et ce à proximité des forages Hépar, précise Bernard Schmitt, "donc ça veut dire qu'en faisant ça, ils savaient eux-mêmes qu'ils contaminaient possiblement leurs forages". Nestlé affirme faire régulièrement analyser par un laboratoire externe les eaux des forages à proximité. Toujours selon le groupe, aucune contamination n'a été détectée.

Extrait de "Vittel : buvez, éliminez... la nappe !", un reportage à voir dans "Eau secours !", La Spéciale d'Envoyé consacrée à l'eau, le 14 septembre 2023.

> Les replays des magazines d'info de France Télévisions sont disponibles sur le site de Franceinfo et son application mobile (iOS & Android), rubrique "Magazines".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.