: Vidéo "On a frisé la collision en vol" : quand un jet privé manque de provoquer une catastrophe aérienne
Le 12 janvier 2022, la catastrophe a semble-t-il été évitée de justesse. Une vingtaine de minutes après avoir décollé du Bourget, un jet HGPG transportant deux passagers serait passé tout près d'un avion de ligne d'Air France avec 80 personnes à son bord… Une trentaine de mètres seulement les séparaient au moment où ils se sont croisés, affirme l'un des pilotes qui ont accepté de témoigner (à visage masqué) pour "Complément d'enquête". Une panne touchant deux instruments cruciaux, l'anémomètre et l'altimètre, empêchait l'équipage de connaître l'altitude exacte de leur appareil.
"Ce jour-là, on aurait pu avoir 150 morts ou plus, tout dépend où les avions seraient tombés sur le sol."
Un ancien pilote de la compagnie Valljetdans "Complément d'enquête"
Cette panne était connue, affirme l'un des pilotes. Elle aurait affecté le même jet un mois plus tôt. Mais selon lui, elle n'a tout simplement pas été signalée. Il pense que le personnel a été incité à ne rien écrire dans le Tech Log, le compte rendu matériel où toute défaillance doit être rapportée à l'issue d'un vol. "Pas de Tech Log, pas de panne, explique-t-il. Pas de panne, pas de réparation."
Selon nos témoins, cette pratique serait courante chez Valljet. La société se présente comme le numéro un français de l'aviation d'affaires, avec une trentaine d'appareils. Elle a réalisé près de 60 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2021. Selon plusieurs anciens pilotes, cela ne l'empêcherait pas de tout faire pour éviter d'immobiliser ses avions et de perdre de l'argent en réparations coûteuses. L'un des témoins fait état d'"une pression sur le dos des pilotes qui était juste hallucinante."
"Si on notait les pannes, on risquait notre place au sein de la compagnie, ou alors on s'en prenait plein la tête par les responsables qui étaient au-dessus de nous."
Un ancien pilote de la compagnie Valljetdans "Complément d'enquête"
En octobre 2022, l'aviation civile a menacé de clouer au sol la flotte de Valljet après avoir découvert des problèmes de maintenance. Depuis, la direction aurait remis de l'ordre. Jean Valli, le patron de la compagnie, a décliné toute demande d'interview, mais a fait une réponse écrite aux journalistes. Il refuse de commenter la quasi-collision en vol, car une enquête est en cours. Et il assure que ses avions "n'ont aucun problème, sinon les autorités les empêcheraient de voler".
Extrait de "Jets privés et ultra-riches : ça plane pour eux !", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 9 mars 2023.
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