Complément d'enquête : "Total, toujours roi du pétrole ?"
"Mon rêve, ce serait de payer plus d'impôts en France". Truculent, adepte des phrases chocs, Christophe de Margerie, l'emblématique patron de Total a perdu la vie dans un accident d'avion en novembre, en Russie. Comment ses successeurs vont-ils gérer "l'héritage de Margerie" adepte du pragmatisme et de la "real politik" ? Complément d'enquête, jeudi 18 décembre à 22h20, dans les coulisses de Total, le géant français du pétrole.
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Les obsèques de Christophe de Margerie ont pris des allures d'hommage national en novembre. Monde des affaires et classe politique ont tous "pleuré la disparition d'un de ses plus grands dirigeants" a souligné lors de son homélie l'un des prêtres qui officiait au cours des funérailles. Dès l'annonce du décès du patron de Total, François Hollande avait loué "un homme qui défendait avec talent l'excellence et la réussite de la technologie française à l'étranger".
Christophe de Margerie laisse-il derrière lui un groupe solide ? Total fait partie des "Majors", les 6 plus grandes compagnies pétrolières mondiales, avec 100 000 employés, une présence dans 130 pays et 190 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Le groupe pétrolier est au coeur du système énergétique français et ce système doit beaucoup à de Margerie. Il avait soutenu un équilibre bâti sur 3 piliers : l'électricité nucléaire, le pétrole, le gaz et les énergies alternatives avec le solaire et l'éolien.
Christophe de Margerie ou le sens de l'image
Dès son accession à la présidence de Total, il reprend les affaires sensibles comme le naufrage de l'Erika ou la catastrophe de l'usine AZF à Toulouse. Dès le départ il communique les chiffres et les faits. Quand on lui reprochait de ne pas payer d'impôts en France, il répondait sans détours : "Notre activité française est en perte. Nous ne pouvons pas payer d'impôts sur des pertes". Car le groupe pétrolier est régulièrement attaqué pour ne pas payer suffisamment d'impôts en France alors qu'il réalise des bénéfices colossaux. Les impressionnants profits de Total ont régulièrement suscité la polémique. Christophe de Margerie précisait : "Si jamais j'envoie Total au tapis, tout le monde va pleurer".
"Total n'est ni un outil politique ni une ONG"
Total cacherait-il une face sombre ? Cette phrase prononcée par Christophe de Margerie à propos des activités de la multinationale en Birmanie, résume à elle seule la relation conflictuelle de Total et des ONG. Dans les années 90 et 2000, alors que Total construit un gazoduc de plus de 400 kilomètres entre la Birmanie et la Thaïlande, plusieurs ONG lui reprochent d'être le principal soutien financier de la junte Birmane. Les ONG dénoncent "le recours à une main d'oeuvre forcée". Marie-Laure Gueslain, avocate de l'ONG Sherpa, s'indigne du "déluge ahurissant d'éloges", selon elle, entendus depuis le décès du PDG de Total. Sherpa et d'autres ONG s'opposent depuis des années à la multinationale française. La Birmanie, l'Arctique, le Canada, la République démocratique du Congo, l'Argentine et le Nigéria sont les terrains d'exploitations pétrolières et gazières de Total.
Culte du secret, diplomatie parallèle, scandales environnementaux, Total serait-il un colosse aux pieds d'argile ? Comment cette entreprise que l'on adore détester tente-t-elle de redorer son blason ?
Au sommaire de l'émission :
Le pouvoir Total
Christophe de Margerie tutoyait les plus grands et négociait les contrats directement au sommet du pouvoir. Olivier Sibille, Jean-Karl Lambert et Vivien Roussel ont enquêté dans les coulisses d'une entreprise aussi puissante qu'un pays.
Les bons comptes du pétrolier
Total réalise 8 milliards d'euros de bénéfices annuels mais perd de l'argent en France. La première entreprise française paie donc la plupart de ses impôts à l'étranger. Romain Verley et Olivier Gardette ont enquêté sur de savants montages financiers, à priori légaux, mais souvent contestés.
Le pétrolier qui voulait être aimé
En investissant dans la plus grande centrale solaire du monde, en Californie, Total tente de se forger une image de pionnier des énergies renouvelables, respectueux de l'environnement. Un reportage d'Irène Bénéfice et Annie Tribouart.
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